Neige artificielle : des zadistes s'opposent à une mégabassine d'eau

Grenoble, correspondance

« Là, il doit faire -5 °C, mais ça va. On est bien équipés. » Le froid et la neige des derniers jours ne les ont pas fait renoncer. Lundi 29 novembre, elle et deux autres membres d’Extinction rebellion (XR) Annecy s’apprêtaient à passer leur dernière nuit sur le plateau de Beauregard, à 1 500 mètres d’altitude sur la commune de La Clusaz (Haute-Savoie). Depuis deux semaines, ces militants et leurs relais habitent jour et nuit le bois de la Colombière, dont huit hectares — l’équivalent de onze terrains de football — doivent prochainement être défrichés afin d’implanter une nouvelle retenue collinaire.

Chiffrée à 10 millions d’euros, la retenue doit contenir 148 000 m3 d’eau — soit le volume d’une quarantaine de piscines olympiques —, destinés pour un tiers à se prémunir de pénurie d’alimentation en eau potable et les deux autres à la production de neige de culture. Or, quatre autres retenues de la station d’un volume total de 217 000 m3 sont déjà dédiées à ce dernier usage.

Les militants d’XR ont créé une “ZAD à durée déterminée” de deux semaines.

« Les élus et la Région parlent de faire vivre l’économie locale pendant trente ans », grince la jeune femme de 19 ans. Mais le réchauffement climatique signe la mort, à terme, des stations de ski. Et les espèces protégées sont nombreuses sur le site, indiquent les militants. C’est d’ailleurs pour cela que les activistes quittent le site ce mardi 30 novembre : à partir de cette date nichent notamment des chauves-souris et un arrêté de préservation de cinquante-huit espèces protégées empêche tous travaux pendant cette période. « XR mène habituellement des actions ponctuelles », explique Ingrid. « Donc cette “ZAD à durée déterminée” nous convient bien. Jusqu’à présent, des actions juridiques étaient en cours mais depuis un mois, il y avait un risque que les travaux démarrent, alors nous avons décidé d’agir. »

« Nous comptons profiter de ce délai pour faire des recours »

« Cette occupation est aussi symbolique », ajoute Valérie Paumier, de l’organisation Résilience montagne, également partie prenante du mouvement Sauvons Beauregard, qui fédère les opposants au projet. « Car la préfecture n’a pas encore pris l’arrêté de déclaration d’utilité publique. » Cette déclaration peut survenir jusqu’à deux mois après le rapport de la commission d’enquête publique, qui s’est achevé le 19 octobre par un avis…

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Auteur: Reporterre