Néolibéralisme et impact du travail sur notre psychisme — Yves FAUCOUP

Une journée d’étude a été consacrée récemment à Toulouse aux liens entre travail, néolibéralisme et subjectivité. Le film Un autre monde a été projeté en présence du co-scénariste Olivier Gorce, suivi des interventions du psychanalyste Marie-Jean Sauret et du spécialiste de la souffrance au travail Christophe Dejours.

Samedi 28 janvier, l’Université Jean-Jaurès de Toulouse est déserte, comme tous les samedis, mais un amphi est bondé : 350 personnes (psychologues, médecins du travail, étudiants, anciens étudiants) participent à une journée d’étude ayant pour thème : Travail, néolibéralisme et subjectivité.

Le néolibéralisme change-t-il nos subjectivités ?, par Christophe Dejours

Christophe Dejours qui a écrit sur les conditions de travail, la souffrance et la violence dans le travail, tient des propos très forts à l’encontre du néolibéralisme, son cynisme et sa cruauté.

Il tient au préalable à définir le néolibéralisme, selon divers auteurs et philosophes : c’est une théorie politique et sociale hantée par la lutte contre les Lumières, contre le Christianisme, le socialisme, la planification, et contre l’État-Providence. Son but est d’établir la loi du marché et la concurrence généralisée entre les humains de façon à assurer aux créateurs de richesses la liberté d’entreprendre. Le terme même liberté est inapproprié car peut-on parler de liberté quand il s‘agit de prendre le pouvoir et de s’emparer de la richesse ?

Pour répondre à la question de savoir si le néolibéralisme influe sur la subjectivité, c’est-à-dire le fonctionnement psychique, il faut en passer par la clinique du travail. La centralité du travail, c’est d’abord la santé (mentale, du corps), au point que, pour beaucoup, le travail devient un médiateur : ce n’est pas seulement un plaisir, c’est le moyen de construire sa santé. Mais, dans le pire des cas, il mène jusqu’au suicide. Il n’y a pas de neutralité. Il faut essayer de comprendre pourquoi ça tourne dans un sens, ou ça tourne dans l’autre. La première caractéristique de cette centralité du travail est qu’il est à « la base de l’expérimentation sociale ». Et de ce fait « le monde du travail est la zone privilégiée d’expérimentation sociale de la domination », depuis toujours, depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui : « le néolibéralisme ne devient concrètement une domination que lorsque celle-ci a pris possession du monde du travail ». À partir de là, elle gagne tout le reste de la…

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Auteur: Yves FAUCOUP Le grand soir