Néonicotinoïdes : des abeilles au Panthéon pour « rappeler le droit à l'État français »

Paris 5ᵉ (Île-de-France), reportage

Sur la place du Panthéon, vendredi 20 janvier, les touristes venus admirer le monument parisien ont eu la surprise de tomber sur une drôle de scène : des centaines de pancartes représentant des abeilles en colère étaient disposées sur le sol, et des militants déguisés en insectes jaunes et noirs gisaient à terre.

Cette action, organisée par l’association Agir pour l’environnement, avait pour but de dénoncer la potentielle réautorisation en France — pour la troisième année consécutive — des insecticides néonicotinoïdes, surnommés les « tueurs d’abeilles ».

Depuis, ces insecticides toxiques ont été réautorisés en 2022 pour la même raison — alors que des prélèvements réalisés par l’Institut technique de la betterave (ITB) montraient un faible risque de propagation du virus de la jaunisse cette année-là.

Rebelote en 2023 : le gouvernement s’apprêtait à signer un nouvel arrêté de dérogation, alors que les données fournies par l’ITB montraient une pression virale encore moindre.

Mais un rebondissement est venu perturber la stratégie du gouvernement. Le 19 janvier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a publié un arrêt rappelant que les 27 États membres de l’Union européenne n’avaient pas le droit de déroger à l’interdiction des semences aux néonicotinoïdes. Et ce, y compris en cas de circonstances exceptionnelles — comme en France, avec le cas des betteraviers touchés par la jaunisse.

« Une grande victoire pour les écologistes »

« C’est un avis très important, qui rappelle le droit à l’État français », s’est réjoui Stéphen Kerckhove, devant le Panthéon. « Cela met en exergue le fait que la réautorisation des semences en France est préventive, et non pas curative, ce qui est illégal », a poursuivi Magali Leroy, responsable du pôle enquêtes d’Agir pour l’environnement.

« Il s’agit d’une décision formidable […] et d’une grande victoire pour les écologistes, a même salué François Veillerette, porte-parole de Générations futures, dans un communiqué. [Nous demandons] donc que le gouvernement retire immédiatement sa proposition de nouvelle dérogation. »

« Le gouvernement utilisera le délai permis par ce report pour expertiser les conséquences juridiques de [la décision de la CJUE] en droit français et les conséquences pour la campagne de production qui s’ouvre », ont précisé les ministères de l’Agriculture et la Transition écologique dans un communiqué.

Les associations de défense de l’environnement, qui avaient annoncé vouloir quitter ou boycotter le conseil de surveillance (Agir pour l’environnement, Générations futures, la Ligue de…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion Reporterre