Neurosciences et droit : peut-on détecter le mensonge grâce à l’imagerie médicale ?

Dans le cadre de la Semaine du cerveau, nous vous proposons un extrait de « Cerveau et Droit – Impact des neurosciences sur le droit, aujourd’hui et demain ».

Dans cet ouvrage, Philippe Menei, médecin, neurochirurgien et chercheur, dialogue avec Fabien Dworczak, politiste formé aux neurosciences. Ils explorent, au travers d’exemples concrets, les multiples façons dont les découvertes des dernières décennies dans le domaine des neurosciences sont venues bouleverser les sciences humaines.

L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, ou IRMf, qui permet de visualiser les zones du cerveau activées lors d’une tâche donnée, s’est notamment frayée un chemin dans les tribunaux. Pour quels bénéfices et avec quelles limites ?

Éléments de réponses avec deux cas précis, la détection du mensonge et l’évaluation des préjudices corporels.

Neurosciences et droit pénal – la détection de mensonges

Fabien Dworczak : Le droit voit volontiers dans les neurosciences la possibilité d’obtenir des données objectives, car « scientifique ». L’imagerie fonctionnelle pourrait, en effet, aider dans la détection de témoignage mensonger, ou conforter la solidité d’un témoignage oculaire remémoré. Qu’en est-il exactement ?

Philippe Menei : Avant l’avènement de l’IRMf existait déjà le détecteur de mensonges. Le détecteur de mensonges, ou polygraphe est un ensemble d’appareils qui mesurent les réactions psychophysiologiques d’un individu lorsqu’il est interrogé, afin de déterminer s’il dit la vérité ou s’il ment. Son principe repose sur le fait que mentir provoque une réaction émotionnelle et s’accompagne donc de manifestations mesurables : la fréquence cardiaque, la conductance cutanée, la fréquence respiratoire, la température corporelle, la pression sanguine et le diamètre pupillaire. Par exemple, le stress engendré par le mensonge augmenterait la transpiration et donc la conductance cutanée.

Photo d’un homme en costume assis à un bureau faisant passer un test polygraphique à une femme en robe

Le polygraphe dans sa version originale.
Ed Westcott/Wikimedia

Depuis son origine, la fiabilité du détecteur de mensonges a été vivement critiquée. Les critiques affirment que certains individus très entraînés pourraient passer outre grâce à une grande maîtrise d’eux-mêmes, alors que des individus très émotifs, impressionnés par la procédure, pourraient être identifiés à tort…

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Auteur: Fabien Dworczak, PhD, chercheur neurosciences et politiques publiques, Inserm