Longtemps, les philosophes ont ignoré les différences sexuelles, ne les considérant pas comme un objet d’études. Alors, lorsqu’il fait appel à la distinction entre le masculin et le féminin, Nietzsche inaugure une façon de réfléchir sur les relations humaines qui pourrait être considérée, dans une certaine mesure, comme sexuée.
Il est vrai qu’à son époque certains penseurs ont pris la défense du mouvement de l’émancipation féminine. C’est le cas de John Stuart Mill, qui a écrit des textes en faveur de l’indépendance des femmes bien connus de Nietzsche. Mais à la différence de Mill, Nietzsche mène un combat contre le mouvement de l’émancipation féminine, qui s’avérera sans merci.
Ses écrits contiennent pléthore de remarques au sujet des femmes : certaines relèvent du cliché, d’autres d’une analyse complexe et raffinée de la condition humaine sous le prisme du genre ; il mentionne la condition féminine dans des digressions éparses comme dans des passages très argumentés. Ses réflexions sur ce thème n’ont pas une place marginale dans son œuvre ; elles ne sauraient se réduire à des préférences personnelles et moins encore à des égarements ponctuels. Bien au contraire, dans mon dernier livre Les ambivalences de Nietzsche. Types, images et figures féminines, je défends l’idée qu’elles s’inscrivent pleinement dans son entreprise philosophique.
À l’exception de ses premiers textes, les considérations de Nietzsche sur les femmes sont présentes un peu partout dans son œuvre. Elles se trouvent, par exemple, dans de nombreux aphorismes d’Humain, trop humain, dans une séquence de paragraphes du second livre du Gai savoir, dans plusieurs discours d’Ainsi parlait Zarathoustra, dans un groupe de paragraphes de Par-delà bien et mal et dans un certain nombre de passages du Crépuscule des idoles. Étant donné l’objet d’étude choisi ici, je porterai mon attention en particulier…
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Auteur: Scarlett Marton, Philosophe, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH)