Nils Melzer déclare que le traitement de Julian le laisse "sans voix". (Il Fatto Quotidiano) — Stefania MAURIZI, Nils MELZER

Dans une interview détaillée accordée à Il Fatto Quotidiano, Nils Melzer revient sur son enquête sur le fondateur de WikiLeaks, qui l’a poussé à prendre la parole en tant que lanceur d’alerte et à tirer la sonnette d’alarme sur cette affaire et ses implications : « Nous avons déjà créé un monde parallèle de services secrets qui contrôlent tout ».
Il côtoie des victimes de torture au quotidien, il n’est donc pas facilement choqué par les abus. Et pourtant, il se dit « sans voix » face au cas de Julian Assange. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer, vient de publier un livre en allemand : « Der Fall Julian Assange« , qui reconstitue son enquête sur la base de documents exclusifs. Il raconte à Il Fatto Quotidiano ce qu’il a découvert et ce qu’il pense qu’il risque de se passer.

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Qu’est-ce qui a poussé un rapporteur spécial sur la torture à travailler sur le cas Assange et à écrire un livre à ce sujet ?

« Lorsque Julian Assange était encore à l’ambassade en décembre 2018, son équipe juridique a contacté mon bureau. Je me souviens que c’était juste avant Noël, j’ai vu ce message apparaître sur mon écran et je l’ai immédiatement balayé. J’ai eu cette réaction intuitive : que veut ce type ? C’est un violeur, un narcissique, un pirate informatique, ce n’est pas sérieux, alors je l’ai supprimé. J’ai environ 15 demandes par jour, et je peux en traiter une, c’est très habituel pour moi de décider rapidement, mais je me souviens avoir eu des émotions négatives que je n’ai pas d’habitude.

En mars 2019, trois mois plus tard, ses avocats sont revenus vers moi et m’ont également envoyé l’évaluation médicale du Dr Sondra Crosby. Et je savais que le Dr Crosby était un grand nom en tant qu’expert médical indépendant, qui n’était pas associé aux militants d’Assange. J’ai lu les évaluations objectives de la Dre Crosby et du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, ainsi qu’un article de James Goodale (1), l’auteur des Pentagon Papers. J’ai réalisé que j’avais de forts préjugés sur Assange, même si mon métier d’expert en droits de l’homme est d’être objectif. J’ai commencé à enquêter davantage, à gratter la surface de cette affaire. Plus je m’enfonçais dans l’affaire, plus la saleté et les contradictions apparaissaient au grand jour. Je savais également que je ne pouvais pas me fier aux informations diffusées dans les médias et dans la presse, car c’est…

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Auteur: Stefania MAURIZI, Nils MELZER Le grand soir