« Nixon in China » : quand la géopolitique s’invite sur une scène d’opéra

L’opéra Nixon in China (1987), œuvre majeure de la fin du XXe siècle, est entré tout récemment au répertoire de l’Opéra national de Paris. Drame historique et politique en trois actes, l’œuvre de John Adams est composée sur un livret d’Alice Goodman, et mise en scène dans cette version par Valentina Carrasco.

Son intrigue repose sur un événement emblématique des mutations géopolitiques de la fin du XXe siècle : la visite de Richard Nixon en Chine en février 1972.

Mettre en musique l’histoire récente

À la lumière des tensions croissantes des relations sino-américaines et de la visite récente d’Emmanuel Macron et d’Ursula Von Der Layen à Xi Jinping, cette production est une occasion de convoquer les grandes questions internationales du XXe et du XXIe siècles sous l’angle de l’opéra et du chant lyrique.

Non que la représentation de la politique à l’opéra soit une nouveauté : il est admis que le Nabucco (1842) de Verdi illustre et même engendre les prémices de l’unité italienne, de même que la dernière phase de l’expansion de l’Empire russe au XIXe siècle trouve sa voix, dans les appartements du Kremlin, dans la célèbre leçon de géographie de Fiodor dans le Boris Godounov (1869) de Moussorgski.

Mais dans ces deux cas, comme dans beaucoup d’autres opéras, la transposition dans d’autres époques et d’autres lieux induit une distance temporelle considérable entre l’époque de la composition et l’univers de l’opéra. L’histoire y a donc essentiellement un statut métaphorique alors même que la musique produit à chaque représentation un effet inverse d’immédiateté. Trépidation rythmique, pics d’intensité, hardiesses harmoniques et chant lyrique agissent sur les émotions et le corps du spectateur éprouvé dans l’époque et dans l’instant même de la performance.

Si l’opéra peut déclencher des passions politiques, la politique elle-même n’est-elle pas une…

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Auteur: Taline Ter Minassian, Historienne, professeure des universités. Directrice de l’Observatoire des États post-soviétiques (équipe CREE), Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)