Noël en 2050, une dystopie douce

Nous avons demandé à quelques autrices et auteurs d’imaginer à quoi pourraient ressembler les fêtes de fin d’année en 2050. Pascal Lardellier, spécialiste de l’anthropologie des mondes contemporains et Professeur à l’Université de Bourgogne, a signé plusieurs ouvrages touchant aux différents aspects du lien social et de la culture, ainsi qu’aux relations amoureuses dans les réseaux numériques. Il vient de publier « Éloge de ce qui nous lie. L’étonnante modernité des rites » (L’Aube, 2023). Il s’est prêté au jeu, et projette les grandes questions qui agitent notre société contemporaine dans un avenir proche – transformation des liens sociaux, surveillance généralisée, changement de nos modes de consommation – non sans humour !


24 décembre 2050, 20 heures, heure de Paris. La famille, ou plutôt « la communauté inclusive et ouverte de celles et ceux qui s’apprécient durablement » est rassemblée. Dans un logement naturellement partagé (le « co- » est devenu un mode de vie naturel et presque obligé), deux veillées auront lieu, rassemblant deux « collectifs collaboratifs et conviviaux » dans des lieux distincts de l’appartement. Mais la cérémonie est sensiblement la même. On s’efforce de suivre les « protocoles de convivialité » proposés par le Gouvernement, bornant le nombre de convives, la répartition de genres, le séquencement de la soirée, ce qui peut circuler et s’échanger, ou pas.

Une soirée respectueuse avant tout

Dans la pièce baptisée « Louisa et Emile » (du nom des grands-parents, qui ont fait le choix d’une euthanasie simultanée il y a 2 ans, à 80 ans), tous sont assis en rond sur de petits tabourets dans la salle à manger, rebaptisée la « pièce pour toutes et tous ». Et un cercle d’écrans de tablettes format XXL est posé, face extérieure vers le groupe, au centre du cercle. Effet miroir entre les présents, et ceux qui assisteront à…

La suite est à lire sur: theconversation.com
Auteur: Pascal Lardellier, Professeur à l’Université de Bourgogne Franche-Comté, Chercheur au laboratoire CIMEOS, Université de Bourgogne – UBFC