Noir et violet

Ce week-end à Nice, des milliers de féministes se sont retrouvées pour manifester contre toutes les frontières. Notre reporter Leïla Chaix y était et nous raconte.

JJ’arrive sur la Place Masséna vers 10:30 du matin. Le soleil tape et il fait chaud. Je repère rapidement plusieurs femmes, elles sont habillées en violet. Elles portent des casquettes blanches parfois, parfois des drapeaux enroulés. Certains violets sont plutôt clairs, certains violets sont très très vifs, quasiment bleus et très profonds, presqu’agressifs. Le rassemblement est à 11h, il est sensé y avoir des chants. J’ai envie de les voir de loin, toutes ces nanas qui se rassemblent, sans réellement se ressembler. Je suis rentrée dans un Monop’ afin d’acheter une bouteille d’eau et quelqu’alimentaire denrée, je prends un pain au chocolat sans doute décongelé sur place et trois pêches blanches venues d’Espagne. Consommatrice incohérente et nulle à chier, mais dans un monde incohérent, voire fou à lier, l’incohérence est cohérence … Ah non Leïla certainement pas, ne commence pas. Non c’est vrai que je ne devrais pas, je ne devrais pas venir ici, filer 6 balles à ces connards. Sauf qu’aller en terrasse non plus, ça me disait pas, or j’avais soif, j’avais la gerbe, j’avais besoin de boire de l’eau, et j’avais oublié ma gourde. Jusque là rien d’intéressant, et vous verrez, ça ne s’arrange pas. J’avais aussi besoin d’une prise, pour recharger mon téléphone conçu en terre de Silicon Valley, l’outil via lequel je m’auto-exploite. Je le plug et je le recharge. Ma dégaine de blanche innocente me permet de ne pas respecter les quelques règles sanitaires qui m’interdisent de zoner là, dans la zone dite de recharge. J’observe dehors, depuis dedans ; et depuis mon spot lèche-vitrine il me semble qu’elles chantent déjà, les Dames aux couleurs d’iris bleues, sur la terrasse. J’suis habillée comme une bouffonne, une bouffonne sophistiquée. J’ai une longue robe à fleurs d’été, récupérée dans un appart, celui de la grand-mère d’Alex, déportée dans l’Ehpad du coin. Par dessus ma longue robe tombe un drôle de gilet synthétique, acheté au marché à Paris, il est rose clair, avec des motifs en forme d’yeux. Même camaïeu : noir et violet.
J’observe passer quelques pensées dedans ma tête, certaines sont racistes, misogynes, présomptueuses et je ne peux pas les réprimer, je les observe sans les noter, parce que ça n’est pas de la pensée, c’est du réflexe, de la…

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Auteur: lundimatin