« Non à l'usine à gaz » : la lutte contre les méthaniseurs s'intensifie

Pussay (Essonne), reportage

L’ambiance est joyeuse, presque festive, lors du rassemblement organisé par le Collectif d’alerte sur la méthanisation dans le Sud-Essonne (Camse), dans une salle à Pussay. Pourtant, l’inquiétude qui pousse cette cinquantaine de citoyens à se réunir en cette mi-février est de plus en plus vive.

À quelques kilomètres, à Angerville, un méthaniseur de la SAS Methagase s’est implanté il y a un an. Porté par huit céréaliers dans la volonté de diversifier leurs activités, le méthaniseur ne devait pas dépasser les 10 000 tonnes d’intrants par an (fumier ou lisier, ou encore des déchets de l’industrie agroalimentaire, comme des légumes ou céréales). Alors que les travaux sont en cours, les porteurs du projet ont demandé une régularisation de leur exploitation, cette fois-ci pour une capacité de 21 000 tonnes d’intrants, soit le double de la quantité prévue au départ. Si le gaz produit est stocké à Angerville, seize communes du sud de l’Essonne et du Loiret sont concernées par le stockage ou par les épandages de digestats.

Pour les habitants concernés, les craintes se multiplient. À la sortie du méthaniseur, il y a le gaz, mais aussi ce fameux digestat, « un fertilisant dans lequel se retrouvent tous les éléments nutritifs, de l’azote au phosphore », selon Thierry Guerin, l’un des agriculteurs porteurs du projet. Une lagune — creusée pour son stockage — se situerait néanmoins à proximité d’une école, une autre à proximité d’une source, et aucune d’entre elles ne prévoit d’être recouverte, laissant présager des émanations de gaz. « Le digestat rejette de l’ammoniac et du sulfure d’hydrogène, ce n’est pas pour rien que c’est classé ICPE », rappelle Mireille Massing, à l’origine du collectif Camse avec d’autres riverains.

Petit à petit, parents d’élèves, élus et scientifiques ont rejoint la mobilisation. « Nous demandons un moratoire et une enquête publique, le temps d’avoir plus de clarté, notamment sur la nature des intrants. Nous ne voulons pas que la source Sainte-Apolline ou que les terres agricoles soient davantage polluées », poursuit Mireille Massing.

Un manque d’information déconcertant

Dans un dossier de quatorze pages que Reporterre a consulté, l’avocate Corinne Lepage précise les « carences » relatives au projet concernant les dégâts qui pourraient être causés à l’environnement et aux manques de clarté sur la nature des intrants. En effet, le dossier de demande d’enregistrement pour ICPE de la société Methagase indique que « la liste des déchets entrants est susceptible d’évoluer en fonction des opportunités du territoire ». Quelles opportunités ? Rien ne…

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Auteur: Léa Dang Reporterre