L’album d’Astérix L’Iris blanc se termine par un joyeux banquet où les irréductibles Gaulois se réconcilient autour des habituels sangliers rôtis. Le festin rassemble les habitants du village qui consomment les mêmes mets et mêmes breuvages, se réjouissent gaiement du récit des aventures de leurs deux héros. Nous prenons le plus grand plaisir à assister à cette scène de commensalité (acte de manger ensemble, de partager la même table), matrice symbolique d’un imaginaire culturel où, au-delà des millénaires, Gaulois et Français partageraient les mêmes valeurs communautaires et la même passion pour les plaisirs collectifs de la table.
Il est bon de rappeler que le monde gaulois créé par Goscinny et Uderzo est fictionnel, ne reposant sur aucune réalité historique. Grâce à l’avènement de l’archéologie préventive qui a permis de multiplier les fouilles archéologiques, les connaissances sur la Gaule protohistorique (d’avant la conquête césarienne) se sont multipliées, dont celles sur les pratiques alimentaires. C’est en particulier l’étude des écofacts (vestiges matériels du monde végétal et animal) grâce à l’archéozoologie et l’archéobotanique qui fournit les données les plus nombreuses sur l’alimentation à l’échelle d’un site archéologique, avec réalisation de synthèses régionales et chronologiques.
Ainsi, pour la fin de la période de La Tène (2e âge du Fer, 450-50 av. J.-C.), le stéréotype de Gaulois grands consommateurs de sangliers, vivant de la chasse et non des produits de l’élevage est démenti par l’archéologie puisqu’il s’avère que la consommation d’animaux sauvages est réduite. Les Gaulois sont des « viandards » car ils mangent beaucoup de viande bouillie, grillée ou rôtie, mais principalement d’animaux domestiques : porc, chèvre et mouton en particulier, bœuf, mais aussi, de manière plus anecdotique, cheval et chien.
Parmi les très…
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Auteur: Dominique Frère, Professeur d’archéologie et d’histoire de la Méditerranée occidentale, Université Bretagne Sud