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Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Quatrième partie

Cinquième partie

1. « Je te donnerai » (Album J’aime Aznavour, 1968)

Autant – voire plus encore – qu’un avant-gardiste et un pionnier (qu’il est assurément à maints égards, comme auteur, comme compositeur, comme interprète), Aznavour est aussi un grand suiveur. Cela dit sans aucune ironie, il maîtrise comme personne l’art de prendre les trains en marche. En authentique athlète, en véritable acrobate de la musique populaire, il saute dans les wagons qui défilent et se faufile jusqu’aux locomotives pour envoyer le bois. Non content de suivre le mouvement, il l’accompagne alors, s’approprie les machines et s’empare du décor, pour finalement célébrer avec faste les noces entre l’hier et l’aujourd’hui, et accoucher à chaque fois d’un « nouvel Aznavour » – jazzy, puis yéyé, puis soul et enfin pop et psychédélique, ou bientôt funky et disco. Je parle de noces et d’accouchement car il est faux de prétendre qu’Aznavour s’égare, se perd, s’adapte à ce qu’il n’est pas, mais tout aussi faux de dire qu’il reste toujours le même, et que son nouvel « habillage » laisse inchangé son « univers ». Une rencontre au sens fort a lieu, et ce qui en sort renouvelle à la fois le genre musical et la manière de l’artiste. La pop baroque aznavourienne ne ressemble à aucune autre pop baroque, de même que ses rengaines twistées des années 62-64 ne ressemblent à aucun autre twist, et que ses incursions dans la soul music se distinguent de toutes les autres en ces années 66-68 – celles de Johnny par exemple. Mais cette singularité du « twist aznavourien », de la « soul aznavourienne » ou de la « pop aznavourienne » n’est pas davantage réductible à une essence aznavourienne éternelle – qui serait par exemple faite simplement d’alexandrins soignés et d’envolées lyriques. Notre artiste saute pour…

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Auteur: Pierre Tevanian