Non, l’épidémie n’est pas une « catastrophe naturelle »

Alors que la France a franchi la barre des 100 000 morts du Covid, pouvons-nous dire que le Covid est entièrement responsable de ce déferlement mortifère ? Le Stagirite nous éclaire dans ce nouveau numéro d’On sort les dossiers.

« C’est la Covid19 qui est responsable des 100 000 morts, pas l’Etat. » déclarait récemment Eric Dupond-Moretti.  

C’est une réaction classique de dirigeant face à un désastre d’origine naturelle, qui n’est pas sans rappeler celles que l’on entendait à l’époque de la canicule de 2003. 

« Qu’est-ce que c’est que cette société où on se tourne vers le gouvernement quand il fait chaud ou quand il fait froid ? Oui, de temps en temps, il y a des étés de canicule, c’est dangereux pour les personnes âgées, c’est vrai, nous le savons depuis très longtemps. Si on pense que le gouvernement va changer la nature des choses et la température, on se trompe »
Bernard Kouchner, ancien ministre de la Santé, Le Figaro, 12 août 2003

« Ce n’est pas le retard d’information qui a entraîné l’ampleur de la vague de surmortalité, mais le phénomène climatique lui-même. »
Bernard Accoyer, vice-président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, Le Parisien, 20 août 2003 

Quid du rôle des facteurs humains dans les catastrophes dites naturelles ? 

En 1755, un tremblement de terre suivi d’un tsunami et d’un incendie ravagent la ville de Lisbonne.
Beaucoup y voient la colère divine s’abattant sur les habitants pour les punir de leurs péchés.
L’événement entraîne une polémique parmi les intellectuels. Voltaire, par exemple, met de côté toutes les explications impliquant Dieu ou les actions impies des hommes. Il affirme tout simplement que le désastre arrive sans raison : c’est par hasard que la terre a tremblé là, à ce moment-là. C’est un fait qu’il faut prendre comme tel. Ce que font alors, par exemple, les scientifiques qui cherchent les causes naturelles du désastre à partir des théories – certes erronées – de l’époque.

Il y a donc d’un côté ceux qui cherchent des intentions divines et des responsabilités humaines, et d’un autre ceux qui naturalisent l’événement.

Dans notre épidémie, le virus est une chose naturelle : même si l’on n’a pas encore fini de tirer au clair son origine, on sait désormais que sa dissémination dans le monde humain n’est pas intentionnelle. 

Dupond-Moretti a donc l’air de tenir une position de bon sens : les catastrophes naturelles sont à première vue des sinistres sans coupable. D’autres désastres, au contraire,…

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Auteur: Le Média