« Non ti schiantare » : en route vers Rome et le fascisme qui vient

A cent ans de distance de la Marche sur Rome de Mussolini et consorts, l’Italie s’affirme une fois encore comme un laboratoire du monde occidental, avec la possibilité d’accession au pouvoir d’un parti descendant direct du fascisme historique. Face à cette situation, un ami écrivain calabrais nous invitait récemment à puiser dans la boîte à outils de son peuple de l’Aspromonte. Ces descendants de bergers millénaires et de philosophes grecs utilisent volontiers une expression que des siècles de résistance à la colonisation du nord n’ont cessé d’approfondir : « non ti schiantare » : « n’aie pas peur ».

C’est une invite qui va bien plus loin que le paternaliste « n’ayez pas peur » d’un défunt pape. S’il ne faut pas avoir peur, ce n’est pas pour confier son sort à quelque déité ou à quelque improbable barrage des institutions démocratiques, mais pour garder les yeux bien ouverts et voir clair dans ce qui arrive. « Non ti schiantare » signifie tout à la fois : garde ton calme, prends toute l’ampleur de la catastrophe, repère les points de résistance, ne te fais pas d’illusion, bats-toi et affronte le destin. Ce qui va t’arriver, tu auras d’autant plus de capacité à l’affronter individuellement que tu auras tout fait pour que ce soit, éthiquement et collectivement, affrontable.

C’est à la recherche de cet esprit qu’on est allé faire un tour en Italie, en commençant par notre porte d’entrée préférée depuis deux décennies : la Vallée de Suse.

La Vallée de Suse, c’est Bussoleno, un des lieux du monde où je me sens chez moi parce que la nature y est belle…

…et qu’elle s’y défend depuis plus de 20 ans : ici, le « presidio » (poste de surveillance de l’ennemi et lieu de convivialité) de SanDidero, près du chantier improbable de l’’Autoport’, lieu de débarquement de marchandises de l’improbable ligne à Grande Vitesse Lyon-Turin, dont la principale galerie n’a toujours pas commencé à être percée du côté italien…



« Plus de poésie, moins de police », « Libérons les toutes et tous »,« ’Tav=Mafia »



« Autoport, non merci ! », « Aujourd’hui et toujours, No Tav »



Dans la salle de réunions et de banquets : « Les guerres sont déclarées par les riches et les puissants qui ensuite y envoient à mourir les pauvres et sans pouvoir ». Pas de doute, les No-Tav bougent encore



Ici, à Oulx, plus haut que Bussoleno, à quelques kilomètres de la frontière avec la France, cohabitent deux…

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Auteur: lundimatin