Les guerriers antiques consultaient des oracles, les peuples avaient leurs sorciers. Certains observent le marc de café ou interrogent des charognes, d’autres tirent les cartes ou demandent à faire parler les astres. Nous lisons le monde dans les images spectaculaires, nous pratiquons la divination dans les entrailles du cinéma industriel. Nous avons revu à la lumière de l’actualité le film culte Yamakasi et nous avons trouvé qu’il éclairait une partie de notre présent.
La bande
Les yamakasis sont de jeunes athlètes banlieusards qui bravent tous les dangers, escaladent les immeubles, effectuent des sauts vertigineux. Ils vivent dans les zones urbaines réputées « dangereuses » et sont traités comme des « ennemis de la république ». Ils sont réunis autour d’une même condition matérielle et politique, d’une pratique commune bien précise : l’art du déplacement, du parkour, du freerun. Une discipline acrobatique qui consiste à franchir des obstacles urbains ou naturels, par des mouvements rapides et agiles, une pratique d’origine populaire venant des quartiers de la banlieue parisienne. Ce groupe est une bande dans le sens ou il est « réuni pour un même but » et parallèlement parce que c’est un « groupe d’hommes armés, rangés sous la même bannière, guerroyant de façon régulière ou non » contre la police républicaine capitaliste et raciste.
Les yamakasis sont issus d’une représentation industrielle, plus ou moins bien inspirée des « jeunes de quartiers » : Ils sont pour la plupart racisés. Parmi eux il n’y a pas de femmes, comme dans le fantasme viriloïde et néo-coloniale de la bourgeoisie scénaristique blanche. Il y a deux blancs, un ouvrier d’usine et un employé de supermarché. Mis à part l’idéalisation du travail – les ouvriers, habillés de bleus immaculés dansent à l’atelier entre les machines ; au supermarché, les employés jouent au baseball pour ranger les…
Auteur: lundimatin
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