« Nos plantes crèvent » : dans la Drôme, les paysans abattus par la sécheresse

Divajeu (Drôme), reportage

Ce qui devait être vert est jaune, ce qui devait être juteux est sec, ce qui était fertile est devenu aride. « Quand tu vois tes plantes crever, c’est une violence humaine énorme », s’émeut Galcerand Serralongue, associé dans le Gaec la Ferme de l’Auberge, à Divajeu dans la Drôme. Depuis le 7 avril, ce département est en « alerte sécheresse » et depuis le 18 juillet en niveau « crise sécheresse », ce qui signifie pour les agriculteurs une baisse de 60 % de leur prélèvement d’eau.

Mais dès le 7 juillet, l’eau avait été coupée durant quatre jours. La réserve était vide. Dans ce coin de la Drôme, nommé Crest-Sud, c’est un bassin d’irrigation qui alimente les exploitations. Ce bassin capte l’eau de la Drôme. Depuis tant de mois sans pluie, le débit de la rivière au niveau de la retenue était le 28 juillet de 1,15 mètre cube par seconde (m3/sec) — il est de 600 m3/sec lorsqu’elle est en crue. Or, à 1,1 m3/sec, le captage sera interdit, ce qui équivaudra à un arrêt complet de l’irrigation.

La terre est à nu, la pluie ne tombe pas, les tournesols grillent. © Caroline Delboy / Reporterre

« S’il ne pleut pas d’ici quinze jours, on perdra tout », alerte Galcerand Serralongue. Jusqu’au 18 juillet, lorsque le seuil « crise » a été atteint, ces paysans avaient réussi à maintenir les tomates et un peu de melons, de courgettes, de poivrons et d’aubergines avec trois nuits d’arrosage en goutte-à-goutte par semaine. Depuis, c’est un tour d’eau (un tour d’autorisation d’arrosage) en moins : les courgettes, les poivrons et les aubergines ont été sacrifiés ; en plus des carottes d’hiver, des concombres, de salades, des patates douces, des betteraves, sacrifiées, elles, depuis deux semaines. Et les pommes de terre seront toutes petites. Sans eau, rien ne pourra résister.

Aubergines, courgettes, poivrons… ne survivent pas à la sécheresse. © Caroline Delboy / Reporterre

« On perdra les courges, soit 8 000 euros de revenu, les poireaux, pareil ; la moitié des choux, soit 2 000 euros, et pour les pommes de terre, c’est 7 500 euros de perte », détaille le paysan, plus que soucieux. « Et on a récolté seulement un quart de notre production habituelle d’oignons. » S’il ne pleut pas, rien ne pourra être implanté pour l’hiver et le printemps. Ce sont donc toutes les ventes à venir, jusqu’en mai 2023, qui sont menacées.

Une baisse de revenus de 1 300 euros à 800 euros par mois

Fanny Boullaud,…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre