Nos vies valent plus que la chimie

En redressement judiciaire depuis septembre, l’entreprise de produits chimiques Vencorex dans la région grenobloise fait couler beaucoup d’encre. Pour les syndicats et le président de Grenoble Alpes Métropole, Christophe Ferrari, aussi maire PS de Pont-de-Claix, c’est l’emploi et le processus de réindustrialisation qui est en jeu ici. Les travailleurs sont nuit et jour sur les piquets de grève, brûlant pneus et palettes, pendant que des manifs de soutien se multiplient dans la région où tous les partis sont pour une fois unis dans ce qu’il faut bien appeler, « l’arc industrialiste ». De l’autre, il y a quelques collectifs écologistes et le journal local Le Postillon pour qui cette usine est symptomatique du vieux modèle de développement grenoblois où la vie des habitants et la pérennité du milieu naturel (eaux, air, sols, faune et flore) sont sacrifiés au nom du progrès et du développement économique.

L’industrie de la guerre « à la grenobloise »

Fabriquant des produits chimiques pour les mousse des sièges, pour les rouges à lèvres, les peintures industrielles, les pesticides, on pourrait penser que la plus grosse usine de la plateforme industrielle de Pont-de-Claix, haut-lieu de la chimie iséroise, ne produit que des marchandises civiles. Mais la chimie a toujours été un secteur industriel « dual », à la fois civil et militaire.

Remontons dans le temps pour comprendre son lien avec la guerre et ainsi mieux cerner les véritables enjeux qui cristallisent les débats dans la cuvette grenobloise.

Pour la chimie made in Grenoble, tout commence pendant la Première Guerre mondiale et l’utilisation des gaz de combat. Les besoins sur le champ de bataille sont immenses et Grenoble, grâce à la « houille blanche » et à son modèle grenoblois naissant, c’est-à-dire le lien « école d’ingénieur-industriels-banquiers », participe amplement à cet effort.

Écoutons Henri Cotte, président de la…

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Auteur: dev