Notre ami Guy Valente est mort

Notre ami Guy Valente est mort hier. Quiconque est passé un jour par Eymoutiers peut commencer à deviner ce que représente la perte de celui qui fonda et tint longtemps une belle librairie, Passe-Temps, qui existe toujours, dans cette bourgade de 2000 habitants. Mao « établi » (militant en usine), passé par la prison pour son militantisme, il avait ensuite, dès le milieu des années 70 choisi de vivre de son labeur en milieu rural, sur le plateau de Millevaches, où il n’a jamais cessé d’être du côté de la lutte (du combat contre l’enrésinement aux Nuits du 4 août).

Son travail photographique en faisait un artiste de haut niveau et dans sa librairie, la galerie d’art à l’étage a accueilli de nombreuses et belles expositions. Homme aux mille talents qui s’était emparé tout seul des savoir-faire de bien des corps de métiers, doté d’un goût sûr qui le tenait à l’écart des escroqueries profitables de l’art contemporain, définitivement réfractaire aux attraits d’Internet, Guy était une de ces personnes efficaces, discrètes, incroyablement déterminées dans leur éthique à contre-courant de l’époque, et dont l’existence même demeure comme la preuve ultime qu’un monde sans exploiteurs est possible. En hommage à Guy, nous republions l’interview parue dans Article 11 n°15 et republié le 5 avril 2014 sur le site du journal, où il raconte son expérience d’établi. On y remarquera ce qui en faisait un homme si précieux : le parti pris immédiat et sans condition pour le combat, et le refus de s’aveugler sur les erreurs qui l’accompagnent.

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« À l’époque, je baignais dans un milieu artistique. Une espèce de cocon dans lequel je me sentais bien. Après une adolescence rock and roll, j’étais monté à Paris pour étudier aux Arts Décos et je vivais avec des amis. Comme je n’étais pas très porté sur la politique, Mai-68 m’a pris par surprise. Je m’en rappelle très bien : il faisait beau, les fenêtres étaient ouvertes, et depuis l’appartement nous entendions les grenades lacrymos qui pétaient boulevard Saint-Michel. On l’a d’abord pris à la blague, sur le…

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Auteur: lundimatin