« Le rappel de ces événements, de cette atmosphère d’insurrection sociale, renvoie immédiatement l’esprit du lecteur aux images de révoltes de notre présent récent. Pourtant, Le Temps des Révoltes, auquel nous introduit avec passion Anne Steiner, n’est pas celui des Gilets Jaunes ni celui de quelques groupes légitimement énervés par l‘état inacceptable du monde et la prépotence de ses maîtres, mouvances opportunément classées par la police et les médias comme « radicalisées », voire « terroristes ». C’est le temps des manifestations ouvrières du début du XXe siècle, des affrontements directs des exploités contre les exploiteurs, du grand mouvement de grèves qui va de 1905 à 1913, une décennie charnière dans la lutte de classes dans la société française, caractérisée par une transformation violente et rapide du capitalisme. »
« Le lendemain, 11mars, les grévistes sortirent en cortège de la maison syndicale, où s’était tenue l’assemblée du soir, avant de s’éparpiller par petits groupes mobiles dans les rues de la localité. Beaucoup étaient armés de gourdins et quelques-uns de pistolets. Des vitrines de commerçants favorables au patronat, des fenêtres de jaunes ainsi que des vitraux de l’église essuyèrent quelques tirs. Un attroupement se forma ensuite à la hauteur de l’usine Besson, rapidement dispersé par la troupe chargée de sa protection. Les grévistes se dirigèrent alors vers le hangar d’un industriel, Paulhet, qu’ils incendièrent. Pour empêcher les pompiers d’arriver sur les lieux, ils disposèrent des troncs d’arbres en travers de la route, puis renversèrent la pompe du véhicule, après avoir crevé les tuyaux. Les gendarme, prestement accourus pour appuyer l’intervention des pompiers, ne purent empêcher le hangar et son contenu de se consommer totalement. Dans la soirée du 14 mars, après la réunion quotidienne, une petite troupe de grévistes prit…
Auteur: dev