Notre-Dame-des-Landes : sous Macron, une victoire et des déchirements

Notre « tour des luttes » Sous la présidence d’Emmanuel Macron, de nombreuses résistances ont émergé contre des mesures et des projets antiécologistes. À la fin de son mandat, où en sont ces combats emblématiques contre le bétonnage, le nucléaire, le consumérisme ou les inégalités ? Quel bilan du quinquennat dressent les activistes ? Qu’attendent-ils des échéances électorales à venir ? À l’approche de l’élection présidentielle, Reporterre est allé rencontrer celles et ceux qui résistent.


Notre-Dame-des-Landes (reportage)

Le bocage de Notre-Dame-des-Landes s’est endormi. Voilée par de fins nuages, la lune éclaire le ciel obscur. Les silhouettes des arbres dansent au rythme du vent. Au loin, la lumière chaude d’une bâtisse se dessine. Assis autour d’une imposante table en bois, Daniel* et Paul* savourent un bol de soupe. « La Zad alimente de nombreux fantasmes, s’amuse l’un d’eux. L’autre jour, quelqu’un m’a demandé si nous n’avions pas trop froid ou trop faim. D’autres pensent même qu’on a complètement banni l’argent de nos vies, qu’on ne fait plus de courses au supermarché. »

Paul s’est installé ici en 2012, au lendemain de l’échec de l’opération César. Deux mois durant, les forces de l’ordre avaient tenté de déloger les zadistes, en vain. Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, avait fini par reculer. « À partir de là, chaque gouvernement a passé la patate chaude au suivant, se souvient-il. Tous les éléphants du Parti socialiste et des Républicains s’étaient fortement engagés en faveur de l’aéroport, poursuit Daniel. Ils ne pouvaient pas s’humilier en abandonnant le projet, mais n’osaient pas non plus prendre le risque d’une nouvelle opération. »

Le bocage de Notre-Dame-des-Landes se réveille sous la rosée. © Emmanuel Clévenot / Reporterre

Le 7 mai 2017, est arrivé à la tête de l’Élysée un jeune président n’ayant jamais pris position sur le sujet. Emmanuel Macron a alors vu l’opportunité de clore un épineux dossier. Depuis six ans, les zadistes occupaient une enclave de 1 600 hectares, désertée par les forces de l’ordre et sur laquelle l’État n’avait aucune emprise. Huit mois après l’élection, le 17 janvier 2018, Édouard Philippe annonçait sur TF1 l’abandon définitif du projet d’aéroport. Secrètement, le gouvernement espérait ainsi fragiliser la Zad, mais ce jour-là, l’ambiance était à la fête à Notre-Dame-des-Landes.

« C’est là que l’éclatement du mouvement a…

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Auteur: Emmanuel Clévenot (Reporterre) Reporterre