Notre-Dame : « Le nouveau toit en plomb émettra de grandes quantités de poussières toxiques »

Enquête sur Notre-Dame du plomb

Basta! : Votre ouvrage Blanc de plomb, histoire d’un poison légal raconte comment les industriels ont réussi à généraliser l’usage de ce produit au 19e siècle, alors même que sa toxicité était déjà largement documentée. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces dangers ?

Judith Rainhorn : L’usage du plomb à l’échelle industrielle, à partir du 19e siècle, se fait effectivement sur un savoir scientifique très largement établi. On sait depuis l’Antiquité que ce produit est dangereux. Et dès le milieu du 17e un lien très clair est établi entre la fréquentation quotidienne du plomb et certains symptômes. On a par exemple des témoignages d’ouvriers des mines de plomb, en Allemagne, qui décrivent ce que l’on appelle « la colique de plomb » qui est souvent le premier des symptômes : ils décrivent des douleurs qui s’apparentent à des chats qui leur déchireraient l’estomac et les entrailles avec leurs griffes.

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Judith Rainhorn

est historienne, professeure à l’université Paris 1-Panthéon Sorbonne et membre du centre d’histoire sociale des mondes contemporains. Ses travaux portent sur l’histoire du travail, de la santé et de l’environnement des populations urbaines en France et aux États-Unis aux 19e et 20e siècles.

En même temps, ces symptômes ne sont pas spécifiques : les maux de tête, les vomissements, la fièvre parfois peuvent aussi être dus à d’autres facteurs. Cela participe à l’invisibilisation du danger, qui est une constante dans l’histoire du plomb, comme dans celle de beaucoup de produits toxiques. À cela s’ajoute le fait que, jusqu’au milieu du 20e siècle et le développement massif du salariat, il y avait beaucoup de nomadisme professionnel : les travailleurs se déplaçaient beaucoup d’un chantier à l’autre, d’une mine à l’autre, d’une usine à l’autre. Cela qui ne facilitait pas la…

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Auteur: Nolwenn Weiler