« Notre dernière chance » : la France défile contre la réforme des retraites

Alès (Gard), Rennes (Ille-et-Vilaine) et Paris, reportage

Des manifestants partout en France. Mardi 7 mars, la France a été bloquée par des centaines de milliers de personnes, opposées à la réforme des retraites. Que ce soit à Alès, Rennes ou dans la capitale parisienne, la journée a fortement mobilisé.

• Alès : « Il y a tous types de métiers, de l’agent d’accueil au directeur d’agence »

La foule s’écoule dans un flot régulier, telle la rivière du Gardon d’Alès qu’elle longe. L’ambiance est mi-syndicale, mi-familiale. Des grappes de drapeaux ponctuent le cortège : le rouge de la CGT, l’orange de la CFDT, l’arc-en-ciel de la Nupes fière d’afficher une gauche encore unie à l’échelle locale. Cette avant-garde de militants équipés se dilue dans une myriade de manifestants sans signe distinctif, venus en famille — l’école étant fermée —, entre amis ou avec les collègues. La mobilisation touche au-delà des habitués.

« C’est une mobilisation assez nouvelle par rapport aux mouvements passés, confirme Boris, qui travaille à l’entretien du réseau téléphonique d’Orange. On a 20 % de grévistes. » On croise des banquiers. « Il y a tous types de métiers, de l’agent d’accueil au directeur d’agence », indique Patrice Luna, délégué syndical régional de l’Unsa Caisse d’Épargne. Avec 8 % de grévistes, « ce n’est pas extraordinaire », reconnaît-il, mais c’est toujours autant qu’au début du mouvement.

Chez Enedis et GRDF, « aucun de ceux qui étaient en agence ce matin n’est parti sur le terrain », se félicite Christine, technicienne d’intervention polyvalente. Soit presque 10 % de grévistes. « Même les hiérarchiques ont posé une heure. » Côté SNCF, seul 1 TER sur 5 circule. Les profs ne se sont pas encore comptés, mais tous nous assurent n’avoir jamais été aussi nombreux dans le cortège. Les syndicats annoncent 50 % de grévistes pour l’usine de roulements à billes NTN-SNR, 80 % chez le fabricant de matériel électrique Merlin Gerin.

À La Poste d’Alès, on compte 45 % de grévistes. « On est beaucoup de femmes mobilisées, car on va se faire avoir », commente Marjorie Larguier, factrice. « On a des carrières fractionnées, on demande des temps partiels à 80 %, cela retarde l’âge de la retraite. » Elle est prête à poursuive la grève, mais n’est pas certaine d’être suivie, même si « beaucoup le demandent ». Comme elle, les élus syndicaux se montrent prudents quand on évoque la grève reconductible. Tous l’appellent de leurs vœux, mais pensent aussi aux conséquences financières pour les collègues. « On verra au jour le jour, c’est difficile pour tout le monde », résume…

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Auteur: Emmanuel Clévenot, Marie Astier, Scandola Graziani Reporterre