Dans le rapport Allô Bercy ?, l’Observatoire des multinationales montre comment, dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, les grands groupes français ont réussi un tour de force : capter une grande partie des aides publiques – alors qu’ils n’en avaient pas forcément besoin – sans aucun engagement social, fiscal ou environnemental. Au moins huit grands groupes suppriment des emplois, les filiales dans les paradis fiscaux demeurent actives, aucune réelle inflexion n’est donnée en matière écologique, et toujours plus de dividendes sont versés aux actionnaires, avec la bénédiction tacite du gouvernement. L’indice parisien va verser cette année près de 51 milliards d’euros à ses actionnaires. Tout laisse à craindre une nouvelle orgie de dividendes lorsque les autorités auront levé les dernières restrictions, si la sortie de l’épidémie se confirme. Dans le même temps, le CAC40 a annoncé plus de 62 000 suppressions d’emploi, dont la moitié en France. Le tout financé directement ou indirectement par les deniers publics !
Ces orientations fondamentales, les patrons du CAC40 en sont les garants et les exécutants. C’est précisément pour cette raison que leur rémunération est majoritairement liée à des indices de performance financière à court-terme : plus la valeur boursière de l’entreprise et les dividendes versés augmentent, plus leurs rémunérations sont faramineuses.
Au début du premier confinement, au printemps 2020, dans la communication des sociétés du CAC40 et de leurs dirigeants, il n’était question que de dons de masques, de gel hydroalcoolique et autres nécessités de base. Beaucoup de patrons français ont annoncé qu’ils réduiraient leur rémunération par solidarité avec les efforts et les sacrifices de leurs propres salariés, des personnels soignants et des travailleurs de « première ligne ». L’Association française des entreprises privées (Afep), lobby du CAC40, a même émis une recommandation officielle de réduction de 25 % de la rémunération des dirigeants.
Les dirigeants du CAC40 avaient promis une baisse de 25 % de leurs émoluments, ils se sont réduits de 8 % en moyenne…
Le 31 mars 2020, la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher, reprenait cette recommandation à son compte devant l’Assemblée nationale en conditionnant le recours au chômage partiel à la diminution de 25 % de la rémunération de leurs dirigeants, par devoir « d’exemplarité ». Cette exigence est…
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Auteur: Maxime Combes, Olivier Petitjean