« C’est la stratégie de tout pouvoir colonial : nourrir et tuer »
Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de Gaza-ville avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, trois ans, sous la menace de l’armée israélienne. Réfugiée depuis à Rafah, la famille a dû ensuite se déplacer vers Deir El-Balah et plus tard à Nusseirat, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Un mois et demi après l’annonce du cessez-le-feu, Rami est enfin de retour chez lui avec sa femme, Walid et le nouveau-né Ramzi. Pour ce journal de bord, Rami a reçu le prix de la presse écrite et le prix Ouest-France au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
Mercredi 28 mai 2025.
Hier, des milliers de Palestiniens, dans la zone d’Al-Mawassi, de Rafah et de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, se sont précipités vers un nouveau poste de « distribution d’aide (in)-humanitaire » que l’armée d’occupation avait installé avec l’association américaine basée en Suisse Gaza Humanitarian Foundation (GHF), et qui est protégé par la compagnie de sécurité américaine Security & Risk Solutions (SRS).
Vous avez dû voir ces images montrant des gens se précipiter pour recevoir des colis. Parce qu’ils sont affamés. Depuis deux mois, notre peuple n’a ni à manger ni à boire. Quand ils ont vu ces centres, les gens s’y sont précipités. Cela s’est passé à Rafah, c’est-à-dire au milieu d’un terrain vague grisâtre, car la ville a été entièrement rasée. Pourquoi ont-ils fait ce choix ? Pour obliger les gens à aller vers le sud. C’est l’arme de la faim : nourriture contre déplacement.
Hier, c’était un premier test. Le centre était installé au rond-point dit…
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