« Nous assistons à une escalade de la prédation minière »

Basta/Observatoire des multinationales : Il est beaucoup question aujourd’hui de renouveau minier en raison notamment des besoins de la transition énergétique, avec la perspective d’ouvrir de nouvelles mines en Europe et même en France. Vous défendez dans votre livre qu’il ne s’agit pas du tout d’un renouveau, mais d’une trajectoire de continuité. Pourquoi ?

Celia Izoard est journaliste et philosophe, spécialiste des nouvelles technologies au travers de leurs impacts sociaux et écologiques. Elle est l’autrice de Merci de changer de métier. Lettre aux humains qui robotisent le monde (Éditions de la Dernière lettre, 2020) et a publié cette année La Ruée minière au XXIe siècle-Enquête sur les métaux à l’ère de la transition (Seuil).

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Celia Izoard : Les volumes de métaux extraits dans le monde aujourd’hui augmentent massivement, et n’ont jamais cessé d’augmenter. Ce qui est parfaitement logique puisqu’on ne cesse de produire de nouveaux objets et de nouveaux équipements dans nos pays riches, notamment avec la numérisation et aujourd’hui l’intelligence artificielle, et qu’en plus de cela le reste du monde s’industrialise.

En conséquence, on consomme de plus en plus de métaux, et des métaux de plus en plus variés – aussi bien des métaux de base comme le cuivre et l’aluminium que des métaux de spécialité comme les terres rares. Ces derniers sont utilisés en très petite quantité mais dans des objets qui sont partout, comme les smartphones, et de façon trop dispersive pour permettre le recyclage.

Et la production de tous ces métaux devrait continuer à augmenter ?

Oui, car rien ne freine cette production, d’autant plus qu’on y ajoute aujourd’hui une nouvelle demande qui est un véritable gouffre : celle de métaux pour le projet très technocratique de la transition. « Transition », dans l’esprit de nos élites, cela signifie le remplacement des énergies…

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Auteur: Nolwenn Weiler, Olivier Petitjean