« Nous avons financé le reboisement des forêts françaises pour se faire piller par l’étranger »

Après plus d’un siècle d’existence, la scierie familiale française Foulon a fermé le 31 décembre 2021. En cause : l’appétit gargantuesque d’acheteurs étrangers, Chine et Etats-Unis en tête, et l’apathie des pouvoirs publics français et européens qui permettent tout au nom du libre-échange, malgré les menaces que fait peser la situation sur la filière bois et les forêts françaises. Deux ans après l’aggravation du phénomène, les acteurs français continuent de lancer l’alerte auprès des décideurs.

Avec 17 millions d’hectares de forêt, couvrant 31% du territoire, la France est à la tête de la 3ème plus grande surface forestière d’Europe. La forêt française est composée aux deux tiers de feuillus répartis sur le territoire, mais aussi de 3,2 millions d’ha de résineux et 1,8 Mha de zones mixtes. La France reste le pays du chêne par excellence avec 5,5 Mha soit 41 % de sa surface forestière.

La France est ainsi le 3e producteur mondial de chêne et le premier en Europe.

2021 a été une année record pour l’export de bois français non transformé, appelé grumes, avec plus de 30% de la récolte de chêne ayant quitté le sol français sans aucune transformation ni valeur ajoutée. Même situation pour les résineux, avec 276 499 m3 de résineux français parti en Chine directement de la forêt française sans aucune transformation, soit + 66% par rapport à 2020.

Si cette situation n’est pas nouvelle, elle a été aggravée par plusieurs facteurs depuis le début de la crise Covid. Ainsi, la Russie, grand producteur de chêne, a décidé de stopper ses exportations vers l’Asie, tandis que la Chine a imposé un moratoire pour protéger ses forêts durant 100 ans, devenant dépendante des approvisionnements extérieurs. Un arbre sur trois coupé en France part désormais en Chine. 

Enfin, la vague d’ouragans et d’incendies qui a frappé les Etats-Unis en 2020 a généré une demande exceptionnelle en bois. Les importations du Canada ayant été surtaxées par Donald Trump il y a trois ans, les acheteurs américains se sont alors tournés vers les Européens et participent à la surenchère des prix du bois.

Résultat, 90% des scieries françaises de chênes n’ont plus assez de moyens pour assurer leurs besoins annuels en bois, mettant en péril la filière en France.

Parmi ces acteurs rudement éprouvés, Fabrice Foulon, 35 ans, a été contraint de fermer la scierie familiale créée en 1910 dans le Pas-de-Calais. La scierie a vu la hêtraie…

La suite est à lire sur: lareleveetlapeste.fr
Auteur: Laurie Debove