« (Xavier Niel est est actionnaire à titre individuel du Monde) », c’est ce que se doit de préciser tout journaliste du quotidien du soir lorsqu’il évoque au détour d’un article l’un de ses propriétaires milliardaire. Quelques mots suffisent pour rassurer le lectorat, il y a l’actionnariat d’un côté, le travail journalistique, la déontologie et l’indépendance de l’autre. Pour notre intégrité, montrons-nous aussi patte blanche : Serge Quadruppani est notre ami et c’est la raison pour laquelle nous publions cette recension dithyrambique de son dernier polar Maldonnes.
Lorsqu’on dit que Serge Quadruppani est un ami, on tâche d’être précis sur les mots. Ce n’est pas un copain du bon vieux temps ou un pote que l’on croise de temps à autres, c’est un ami au sens plein, c’est-à-dire au sens politique. Certes, il est un hôte formidable, une personne adorable, et un collaborateur irréprochable mais ce qui nous lie à lui et qui le démarque de l’énième challenger de Top Chef, c’est l’Histoire. De l’après 68 à nos jours, il a traversé le désert des années 80, qui se sont propagées au moins jusqu’au début des années 2000. François Mitterand, le Minitel, Margareth Thatcher, le club Dorothée, l’imbécile et prétendue fin de l’Histoire. Serge Quadruppani fait partie de celles et ceux, ils étaient peu, qui au milieu de ce désert que fut le capitalisme triomphant maintinrent quelques préciseuses oasis de critique et de subversion. La Banquise, Mordicus, le Brise-Glace, autant d’ancêtres de lundimatin, et puis évidemment la vie qui va avec.
Dans les années 70 et jusqu’au milieu des années 80 du siècle dernier, la fêlure de 68 a laissé surgir sur le territoire français et bien au-delà, une minorité active dont je n’ai aucune honte ni fierté particulière à dire que j’en étais. Dans cette population, certains comportements allaient de soi. L’illégalisme en était un : du vol dans les magasins au braquage, le choix des moyens dépendant des capacités de chacun, des milliers de personnes s’efforçaient d’obéir à l’injonction que les situationnistes avaient reprise à Rimbaud : ne travailler jamais. Un principe tout aussi répandu et très peu discuté, c’était le rejet du couple – certains ajoutant « traditionnel » pour justifier une liaison durable. Ce que ce rejet impliquait parfois de mensonges à soi-même et de souffrance, toute une littérature de repentis l’a abondamment documenté, mais le degré d’intensité dans les…
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Auteur: lundimatin