"Nous n'acceptons pas la domination de l'OTAN" – Interview de M. Lavrov, Ministre des Affaires Etrangères de la Russie, avec Al Jazeera le 2 mars 2022

Question : Beaucoup de gens ne croyaient pas vraiment que la Russie allait lancer une opération militaire spéciale en Ukraine. La partie russe a exprimé à plusieurs reprises les raisons, y compris la menace de nature militaro-stratégique de Kiev. Quelles menaces l’Ukraine avait-elle ou pourrait-elle avoir, obligeant la Russie à lancer une opération militaire ?

Sergey Lavrov : Cette histoire remonte à bien plus tôt. Et pas même en 2014, lorsqu’un coup d’État sanglant a été commis en Ukraine avec le soutien de l’Occident, mais au début des années 1990, alors que l’URSS a cessé d’exister. Les dirigeants soviétiques (alors russes) Boris Eltsine et Edouard Chevardnadze se sont vu promettre par leurs collègues occidentaux qu’il n’y aurait pas de tournant géopolitique, que l’OTAN ne profiterait pas de la nouvelle situation et ne déplacerait pas ses infrastructures vers l’est. De plus, elle n’acceptera pas de nouveaux membres. Les archives britanniques ont publié les comptes rendus pertinents des négociations. Une fois de plus, la situation est devenue limpide.

Le président russe Vladimir Poutine s’est exprimé à plusieurs reprises sur cette question dans ses discours publics. Au lieu de tenir sa promesse et de garantir la stabilité en Europe, l’OTAN a entrepris cinq vagues d’expansion vers l’est. De plus, elles se sont toutes accompagnées du déploiement des forces armées des membres de l’alliance dans ces territoires. Ils ont dit que c’était « sur une base temporaire », mais cela s’est rapidement transformé en une base permanente – tout en créant une infrastructure militaire. Aujourd’hui, des États membres neutres de l’UE ou des États comme la Suisse tentent également d’impliquer l’OTAN pour répondre aux besoins. Le projet « Mobilité militaire » oblige l’Autriche, la Suède, la Finlande à fournir des capacités de transport pour que l’OTAN puisse transférer ses forces armées. Le « NATOcentrisme » devient global. L’Union européenne, malgré tous ses slogans sur la nécessité d’une « autonomie stratégique de l’Europe », n’est nullement inspirée par ce thème et accepte parfaitement d’être un « appendice » obéissant de l’Alliance de l’Atlantique Nord.

Cette période s’est accompagnée d’une franche provocation des États post-soviétiques (principalement l’Ukraine) : ils disent qu’il faut décider avec qui on est – avec la Russie ou avec l’Occident. Ils l’on annoncé « frontalement », dès le premier « Maïdan » en 2003, et ce fut également le cas à…

La suite est à lire sur: www.legrandsoir.info
Auteur: Le grand soir