Nous n'avons pas besoin d'ouvrir des mines en Europe

Le récent discours prononcé à Prague par le vice-président de la Commission européenne chargé de la prospective vaut le détour. Écoutons-le, ne serait-ce que parce qu’il cite Margaret Thatcher, ce qui n’est jamais bon signe. « Il n’y a pas d’alternative », a ainsi martelé Maroš Šefčovič le 12 septembre lors de la conférence européenne sur la sécurité des matières premières : il faut de toute urgence ouvrir des mines en Europe. Pourquoi ? « Pour construire l’économie décarbonée et numérique à laquelle nous aspirons tous », et pour assurer nos « capacités de défense militaire ».

L’Europe devrait sécuriser son « autonomie stratégique » face aux monopoles chinois sur les métaux et à une production minière russe en pleine expansion du fait de son influence grandissante en Afrique. Pour ce faire, la Commission prépare un projet de loi sur les métaux critiques. Mais il faudra convaincre les populations d’accepter ce boom minier européen sur leurs territoires. Comme l’a expliqué le vice-président, le sujet est « socialement sensible » et nécessite « un nouveau contrat social autour des matières premières ».

« Un nouveau contrat social autour des matières premières », voilà qui paraît hautement nécessaire, en effet. Car les projets industriels dans lesquels nous ont embarqué nos dirigeants reposent tous sur une multiplication fulgurante de la demande en métaux. La production en masse de véhicules électriques personnels, par exemple. Une équipe de recherche du National Science Museum a calculé que pour convertir à l’électrique tout le parc de véhicules de l’Angleterre, il faudrait l’équivalent de deux fois la production mondiale actuelle de cobalt, les trois quarts de la production mondiale de lithium, et la moitié de la production mondiale de cuivre.

Impasses

Les écoliers pourraient résoudre le problème suivant : « À partir de ces chiffres, indiquez combien de fois la production mondiale de cobalt, de lithium et de cuivre sera nécessaire pour produire suffisamment de batteries pour l’ensemble du parc de véhicules européen ? Sachant que le parc de véhicules européen ne représente qu’un tantième du parc mondial, ce projet est-il viable ? » Non, répondraient probablement les écoliers, il faudrait plutôt renoncer à une grande partie de nos véhicules pour lutter contre le réchauffement climatique.

On aboutit à ce même genre d’impasse si l’on prétend extraire des métaux pour obtenir suffisamment d’énergies…

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Auteur: Celia Izoard Reporterre