« Nous ne sommes pas sereins » : vivre près d'un site Seveso

Vallée de la Maurienne (Savoie), reportage

Seveso, c’est d’abord le nom d’une ville italienne, tristement célèbre pour un accident industriel survenu en 1976. Les graves conséquences écologiques et sanitaires qui en découlèrent ont permis une prise de conscience européenne, et une gestion du risque renforcée à travers la fameuse directive Seveso. En France, il existe aujourd’hui plus de 1 300 usines classées à ce titre.

Des millions de Françaises et de Français vivent et travaillent ainsi à proximité immédiate de sites sensibles, parfois sans le savoir. L’accident d’AZF il y a deux décennies et l’incendie de Lubrizol en 2019 ont ravivé la mémoire collective et renforcé la réglementation. Alors que le gouvernement lance cet automne son dispositif connecté FR-Alert pour la mise à l’abri des populations, beaucoup de chemin reste cependant à parcourir.

Une étude réalisée à Rouen montre ainsi que 70 % des personnes questionnées ne connaissaient pas le signal d’alerte national, et 60 % ignoraient les consignes de sécurité associées. Des chiffres qui interrogent, alors que des irrégularités perdurent dans l’ensemble du pays. En août dernier, l’usine Synthexim de Calais a par exemple été épinglée par la préfecture, à propos de sa gestion de déchets dangereux. Ailleurs, des incidents continuent d’être recensés sur des sites Seveso, comme cet été à Bergerac (Dordogne) et à Molsheim (Bas-Rhin). À de nombreux endroits, des pollutions sont constatées au-dessus des seuils de rejet autorisés.

En Savoie, la vallée de la Maurienne héberge cinq de ces sites, dont quatre sont classés « seuil haut » (seuil de risque maximal). Elle se place ainsi parmi les territoires ayant la plus forte densité de sites Seveso, après la vallée de la chimie au sud de Lyon. Certaines usines locales ont une implantation historique et sociale forte. Ces entreprises ont été par le passé les principaux employeurs, mais aussi les principaux pollueurs de ce bassin rural. Des milliers de tonnes de fluor ont ainsi été relargués dans l’environnement, avec de sérieuses conséquences sanitaires et écologiques. Aujourd’hui, au milieu des montagnes se dessine un territoire où les conséquences sont mieux prises en compte, mais où les fantômes du passé continuent de ressurgir.

Les installations industrielles qui s’y dressent à proximité d’habitations, de bureaux et d’écoles rappellent que le risque est toujours présent. Il façonne le territoire à travers des contraintes d’urbanisme….

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Auteur: Reporterre