« Nous payons les vaccins deux fois : une fois pour la recherche, une deuxième fois par l'Assurance maladie »

Levers les brevets, réquisitionner des sites de productions… Des solutions existent pour garantir l’accès aux vaccins, expliquent dans cette tribune les animateurs de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds).

Le Premier ministre bulgare Boyko Borrisov a annoncé que la Commission européenne devrait payer plus chère une nouvelle livraison de vaccins à Pfizer. Le tarif serait déjà passé de 12 à 15,5 euros la dose, et pourrait atteindre 19,5 euros pour la prochaine commande de 19 millions de doses, qui coûterait donc 3 milliards de dollars.

Le conditionnel s’impose tant l’opacité règne sur la fixation de ces prix. La Commission européenne refuse de publier les contrats passés avec les compagnies pharmaceutiques, qui nous permettraient de connaître les conditions tarifaires, mais aussi les engagements pris pour anticiper les pénuries ou y répondre, les pénalités éventuelles imposées aux entreprises en cas de manquement. De même, la Commission européenne n’a pas communiqué sur les aides publiques à la recherche sur ces vaccins, ni imposé aux industriels de communiquer le montant des dépenses et investissements en Recherche et Développement (R&D) ou le coût de production.

Sans ces informations, comment fixer de façon rationnelle un prix aux produits de santé ?

Le droit à la santé soumis à l’offre de la loi et la demande

La Commission européenne a pu bénéficier de prix inférieurs à d’autres, mais doit faire face à des retards de livraison. Le Royaume-Uni (16,3 euros la dose) ou Israël (22,7 euros la dose) sont des pays qui ont acheté les doses plus chers, et se sont fait livrer plus vite.

L’accès à un produit vital est donc soumis à l’offre de la loi et de la demande. Les pays qui en ont les moyens sont donc prioritaires. Une telle logique est incompatible avec un droit universel et effectif à la santé. Elle est par ailleurs inepte pour affronter une pandémie, qui implique une réponse globale coordonnée sous peine de susciter variants résistants compromettant l’efficacité des vaccins.

L’inscription de la santé dans la loi de l’offre et de la demande n’a rien de nouveau. Des maladies que l’on sait contrôler ou guérir comme le sida, la tuberculose, les hépatites virales, le diabète tuent car les médicaments qui pourraient sauver des vies sont trop chers, et que leur prix est illégitime. La crise que nous traversons doit être l’occasion de reprendre les combats menés par les activistes des pays du sud depuis des décennies pour…

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Auteur: Collectif