Nous, paysans, refusons la colonisation de l'ONU par l'agrobusiness

Morgan Ody est paysanne dans le Morbihan, membre de la Confédération paysanne et du comité de coordination européen de Via Campesina, mouvement international qui rassemble des millions de paysans. Elle a écrit cette tribune à l’occasion du Sommet des systèmes alimentaires qui se tient à New York le 23 septembre, avec pour objectif : « L’élimination de la faim ».


Les multinationales tentent depuis longtemps de prendre le contrôle de l’agriculture et de l’alimentation, comme l’attestent leurs efforts pour s’emparer des semences et breveter toutes les ressources génétiques. Ces dernières années, et notamment depuis la crise du Covid, elles se sont rendu compte qu’elles pouvaient utiliser le désarroi de nombreuses populations et la désorganisation des États pour avancer beaucoup plus rapidement dans la mise en place de leur projet.

En 2019, le Forum économique mondial, qui réunit les plus grandes firmes occidentales, a obtenu du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) l’organisation d’un Sommet sur les systèmes alimentaires. Celui-ci est censé traiter des questions de faim dans le monde et de production agricole durable. Et c’est Agnès Kalibata, directrice d’Agra, la branche de la Fondation Gates qui tente d’imposer l’agriculture industrielle et les biotechs en Afrique, qui a été désignée par l’ONU comme envoyée spéciale pour son organisation.

Exemple d’application de conseil aux agriculteurs, basée sur la récolte de données relatives aux exploitations (météo, composition du sol etc.). Site internet de Climate Fieldview

Ce Sommet sur les systèmes alimentaires a lieu aujourd’hui, jeudi 23 septembre, à New York, après un an et demi de consultations pour sa préparation. Du fait de son organisation, il est largement colonisé par les milieux d’affaires et les propositions qu’il porte tournent toutes autour des nouvelles technologies. Des centaines d’organisations de la société civile du monde entier, au premier rang desquelles celles des petits producteurs, des pêcheurs et des peuples autochtones, ont dénoncé une consultation viciée et appelé au boycott. « Le Sommet ouvre de fait la porte à une plus grande concentration des entreprises dans ce secteur, favorise les chaînes de valeur mondialisées non durables et renforce l’influence de l’agrobusiness sur les institutions publiques », écrit ainsi le Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSC). Le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à…

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Auteur: Reporterre