« Nous paysans » sur France 2 : un débat pour informer ou « communiquer » ?

Le 23 février, France 2 diffusait en prime time « Nous paysans », un documentaire retraçant l’histoire de la paysannerie et de l’agriculture en France depuis plus d’un siècle. S’il faut se féliciter de la mise en avant d’une telle thématique à heure de grande écoute (plus de 5 millions de téléspectateurs d’après Le Parisien), on ne peut que regretter que la discussion qui a suivi ait reproduit bien des travers habituels des débats télévisés : déséquilibre dans le choix et la présentation des intervenants, questions dépolitisées et dépolitisantes ou encore monopole de la vision patronale.

Dans la foulée de la diffusion du documentaire « Nous paysans », Julian Bugier animait le 23 février sur France 2 une « soirée spéciale », visant à « évoquer le sort de l’agriculture française à l’aube du XXIe siècle ». Le plateau de six invités est composé en majorité d’exploitants et de chefs d’entreprise : Christiane Lambert, annoncée comme « agricultrice à la tête d’un élevage porcin » et présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) ; l’éleveur et maire d’un village du Cantal Michel Teyssedou, le céréalier Sébastien Loriette, l’éleveuse Émilie Jeannin. Auxquels s’ajoutent deux autres invités, Perrine Hervé-Gruyer, présentée comme fondatrice d’une ferme en permaculture (ancienne conseillère régionale EELV – mais ce n’est pas précisé) et Valentin Werther, « agriculteur en formation ».

Un plateau partiel et partial, d’abord parce que les salariés agricoles en sont les grands absents. Ensuite, parce que l’émission reproduit le déséquilibre de représentation politique des mondes agricoles. Bien que cela ne soit pas précisé, Michel Teyssedou et Sébastien Loriette sont (ou ont été) en effet proches de la FNSEA – et sont tous deux anciens présidents de chambre d’agriculture ; tandis qu’Émilie Jeannin est
animaux-heureux-1629788.html » class= »spip_out » rel= »external »>engagée à la Confédération paysanne. Toutefois, seule la FNSEA, incarnée par la voix de sa présidente, est clairement citée. Christiane Lambert est d’ailleurs invitée à jouer le rôle de « l’experte » – Julian Bugier ira jusqu’à dire qu’il « parle sous [son] contrôle » – et la parole lui sera donnée plus de 13 minutes au total (soit plus du quart de la durée du débat). La Confédération paysanne, quant à elle, ne sera pas nommée : Émilie Jeannin sera invitée à parler en tant qu’éleveuse et…

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Auteur: Maxime Friot, Nicolas Roux Acrimed