« Nous penchions pour la démocratisation du pays plutôt qu'un retour à l'Union soviétique »

Au mois de mars dernier, nous nous sommes rendus en Ukraine pendant quelques semaines afin d’apporter notre soutien à une coopérative agricole appartenant au mouvement Longo Maï.

Cette coopérative située à l’ouest du pays (en Transcarpatie) participe depuis le village de Nijnié Sélitché à l’accueil des personnes déplacées par la guerre. Des informations plus précises sur leurs actions sont disponibles sur les sites https://www.prolongomaif.ch/ et sur https://radiozinzine.org/.

Lors de notre passage à Nijnié, nous avons rencontré quatre personnes originaires des régions occupées par les pro-russes depuis 2014, à l’est de l’Ukraine. Lorsque la nouvelle phase de la guerre a commencé le 24 février 2022, elles ont décidé de partir vers l’ouest. Depuis lors elles rénovent une maison dans la forêt, non loin du village, dans laquelle elles comptent habiter pour les prochains temps, faute de pouvoir retourner dans le Donbass. Malgré notre distance géographique et des réalités bien différentes, le temps passé ensemble nous a permis de sentir avec elles et eux une vraie proximité éthique et politique.

Cet entretien relate des bribes de leur vie depuis le mouvement Maïdan jusqu’à aujourd’hui.

Depuis ce printemps la situation en Ukraine a beaucoup changé. L’armée russe n’a pas réussi à se déployer dans l’ensemble du pays comme elle le souhaitait et a été mise en échec aux abords de Kyiv. Leurs forces militaires se sont donc petit à petit concentrées sur les régions de Louhansk puis de Donetsk. La ville de Severodonetsk a été particulièrement impactée ces dernières semaines car c’est un point stratégique pour contrôler la région.

Q : Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?N  : Je m’appelle Nastia, je suis native de Lougansk et je suis artiste. J’ai trente ans et j’ai fait mes études aux Beaux-Arts de Lougansk. J’ai juste eu le temps de finir en 2014 puis j’ai déménagé à Severodonetsk. Je suis partie de Lougansk en 2014 parce que j’avais pris une part active dans le Maïdan de Lougansk et il était dangereux pour moi de rester. Ensuite j’ai fait du volontariat et j’ai décidé de rester à Severodonetsk car j’y avais des connaissances et que ce n’était pas trop loin de Lougansk. J’avais envie d’être proche pour pouvoir y retourner. A Severodonetsk nous avons créé une association, Tumbler. Nous avons beaucoup travaillé avec des jeunes, notamment des jeunes frontaliers qui vivaient sur les territoires séparatistes. Nous avons monté des festivals et…

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Auteur: lundimatin