Nous sans l'État

Nouvelle note de lecture de nos amis de la Bibliothèque Fahrenheit, cette fois sur le livre Nous sans l’État de Yásnaya Elena Aguilar Gil. Née dans l’État d’Oaxaca, formée en littérature et en linguistique à l’université de l’UNAM, elle passe l’État et ses différents dispositifs au crible de sa critique, pour proposer d’autres options.

« Il y a environ trois cents ans, par le biais d’un processus complexe, le monde a commencé à privilégier une monoculture sociopolitique qui a morcelé la planète en entités légales et juridiques dénommées État-nations, ou plus communément, pays. Selon cette tradition, seule la tutelle de l’État et de son cadre juridique est capable d’organiser la vie en commun. L’État s’obstine à contrôler la totalité des interactions sociales. Malgré cela, des structures émergent et résistent dans le monde entier, nous rappelant l’existence d’autres façons, plurielles, de nous organiser en tant que sociétés, en opposition à cette monoculture sociopolitique, et ce notamment parmi les peuples indigènes du monde. L’État est la structure sociopolitique qui s’est avérée la plus opérante pour le colonialisme et le capitalisme, mais il existe partout des démarches qui tendent vers d’autres possibilités. » Yásnaya Elena Aguilar Gil, née dans la montagne Mixe de l’État d’Oaxaca, formée en littérature et en linguistique à l’université de l’UNAM, passe l’État et ses différents dispositifs, au crible de sa critique, pour proposer d’autres options.

Découvrant l’existence de langues régionales en France, elle réalise « la nécessité pour les États-nations modernes de construire un récit identitaire unifiant et s’appuyant invariablement sur la construction d’une société unilingue ». Une déclaration de l’Académie française de juin 2008 affirme sans ambages que « les langues régionales portent atteinte à l’identité nationale ». La communauté où elle vit, c’est à dire la « structure socio-politique dotée d’un autogouvernement en rotation constante et élue par la plus haute autorité, l’assemblée communautaire », comme toutes celles de la région, on été créées pour permettre aux peuples indigènes de résister à l’instauration de l’ordre colonial et aux politiques de l’État-nation. D’autres options s’opposent à la monoculture de l’État-nation et peuvent « former un nous sans État, un nous planétaire » : la confédération kurde, les caracoles zapatistes, les clans…

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Auteur: lundimatin