Partant du constat que les luttes écologistes posent couramment de la nécessité « de contester que le monde soit dans un état unique », contestation qui se retrouve dans les slogans récurrents : « contre Vinci/Total/le nucléaire et SON monde », l’auteur appelle ici au contraire à « ne pas évacuer à bon compte le monde partagé avec l’ennemi. »
Dit autrement, « il est nécessaire de reconnaitre que nous sommes des formes du monde » et que de la même manière « les ennemis du monde (sensible) sont eux aussi des formes du monde, et des formes auxquelles nous avons affaire ».
Rien de l’immonde ne nous étant étranger et l’épreuve qui consiste à assumer de partager le même monde que « ceux qui nient le monde sensible », doit nous permettre, toujours selon l’auteur, « de ne pas oublier […] que le monde n’est un qu’en tant qu’il est divisé. »
L’utilisation du terme de « monde » est très courante dans les énoncés écologistes. Ceux-ci sont souvent prononcés « contre Vinci et son monde », « contre Total et son monde », « contre le nucléaire et son monde », « contre le numérique et son monde » … Ils signifient que la lutte pour la nature ne se dirige pas seulement à l’encontre d’un acteur et de ses actes, mais aussi, amont et aval, contre tout ce qui les fonde et peut en découler. C’est une façon de vivre et d’« aménager » la nature qui est visée, et dont on pense qu’elle envahira tout le monde si on la laisse faire.
Ces énoncés recouvrent un enjeu politique : refuser qu’il y ait un monde unique (unimonde, univers, monde unique du colon blanc), partant revendiquer une habitation alternative. A la nécessité de s’opposer à d’autres hommes pour survivre, peut-être même à d’autres formes de vie naturelle (le sars cov-2 par exemple), s’ajoute d’ailleurs la nécessité de contester que le monde soit dans un état unique : car si c’était le cas, nous serions implacablement contraints d’en accepter les contours, plutôt que de dénoncer l’écart qui existe entre ce qui est et ce que nous aimerions qui soit. Autrement dit l’existence d’une pluralité de mondes est coextensive à l’effort politique.
Il y a même des enjeux civilisationnels : une remise en cause de la culture occidentale. Cette culture est prétendument naturaliste, c’est-à-dire qu’elle fait croire à la réalité d’une nature objective universelle à la merci des envies de confort et de progrès. Remettre en cause cette culture consiste à…
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Auteur: lundimatin