Nouveaux labels bios : bonne nouvelle ou enfumage ?

Le label AB de l’agriculture biologique garantit certaines pratiques de production, en particulier l’absence de pesticides chimiques ou encore d’OGM dans l’alimentation produite. Mais il n’intègre pas encore assez les critères sociaux tels que les conditions de travail, la juste rémunération des product·rices ou encore la taille des fermes et le localisme.

« La bio a connu un changement d’échelle dans les années autour de 2015, explique Stéphanie Pageot, secrétaire nationale de la FNAB (Fédération française de l’agriculture biologique) en charge des questions économiques. Il y a eu une forte croissance des ventes. À la FNAB, nous sommes favorables à un changement d’échelle, mais pas à n’importe quel prix. Notre crainte est que certains agriculteurs conventionnels poursuivent avec les mêmes méthodes, mais en faisant de la bio : s’agrandir, se spécialiser, tirer les prix vers le bas, etc. » Or pour la FNAB, « la bio n’est pas un marché, mais un projet de société », rappelle-t-elle.

Aller plus loin que le label AB ?

La fédération a agi pour tenter d’améliorer la réglementation bio à l’échelle européenne, afin que les faiblesses du cahier des charges soient comblées. Mais il est difficile de faire bouger les choses à ce niveau. « La réglementation européenne ne va pas bouger dans les 10-15 ans », estime-t-elle. En parallèle, la demande et les exigences sociales sont fortes, en faveur de la biodiversité, de la lutte contre le changement climatique, du bien-être animal, de la rémunération des producteurs et productrices. « Le label AB est déjà une étape très importante. Mais nous avons fait l’analyse que nous allons être à la traîne si nous en restons au label AB », explique l’ex-présidente de la FNAB. D’où le projet d’aller « vers le mieux-disant afin que ceux qui veulent progresser le puissent ».

C’est ce qui a conduit la FNAB à lancer en mars 2020 la phase expérimentale d’un nouveau label « Bio. Français. Équitable » en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie, via une gamme de produits pour la chaîne du surgelé Picard. Allant au-delà des critères de la loi sur le commerce équitable, il garantit aux consommateurs et consommatrices un produit bio, équitable, et local, et aux paysan·nes un prix rémunérateur et une relation commerciale équitable. La convention avec le distributeur, qui dure trois ans, prévoit une réévaluation annuelle des prix d’achat en fonction de l’évolution des coûts de production.

Un fonds de…

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Auteur: Guillaume Gamblin (Silence)