Nouvelle-Calédonie : l'industrie du nickel au cœur de la crise politique

  • Nouméa (Nouvelle-Calédonie), correspondance

Rafales de vent à 140 kilomètres/heure, pluies diluviennes, toitures qui s’arrachent… Sur les îles Loyauté, à l’est de la Grande Terre de Nouvelle-Calédonie, mardi 2 février, la dépression tropicale Lucas battait son plein. Plus au sud, à Nouméa, le mauvais temps n’est arrivé que quelques heures plus tard. Mais une tempête d’un autre type avait déjà frappé la capitale. Les trois membres de la liste indépendantiste l’Union calédonienne ont démissionné, suivis dans la foulée par les deux de la liste Union nationale pour l’indépendance. Ainsi, devant ce départ groupé, en vertu de l’article 121 de la loi organique, le gouvernement calédonien dirigé par le loyaliste Thierry Santa est tombé.

Par cette manœuvre politique, les indépendantistes espèrent annuler la vente de l’usine du Sud. Dans cette unité industrielle sur le plateau de Goro, à l’extrême sud de l’île, on traite le nickel extrait à proximité. Depuis l’annonce de la mise en vente de l’usine fin 2019, le projet de rachat suscite de vives tensions entre loyalistes et indépendantistes. Après de nombreux rebondissements et coups de théâtre, le consortium Trafigura / Prony Resources a obtenu l’exclusivité de la vente, le 4 novembre dernier. Il devait être l’officiel repreneur le 12 février prochain de ce site industriel classé Seveso actuellement détenu par Vale Nouvelle-Calédonie (VNC), filiale du géant minier brésilien Vale. Sauf que depuis l’annonce, le pays est à l’arrêt. Et que la présidente de la province Sud a officiellement obtenu un délai avec Vale pour une vente mi-mars.

Pour exprimer leur désaccord, indépendantistes et chefferies kanaks ont d’abord bloqué le port de Nouméa le 16 novembre, puis certains axes routiers, puis assiégé l’usine. Elle tourne au ralenti depuis. « On dénombre sept mille à dix mille personnes mobilisées partout et de façon continue sur environ quarante points dans l’ensemble du pays », écrit Raphaël Mapou dans un texte. Ce coutumier kanak est porte-parole du collectif Usine du Sud = usine pays, l’organisation sous laquelle se sont rassemblés les indépendantistes pour protester contre la vente de l’usine. Il milite depuis des mois pour un rachat de l’usine avec un actionnariat calédonien majoritaire, en vue de l’indépendance du pays — une vision économique diamétralement opposée à celle des non-indépendantistes. « Le processus de vente de la société Vale NC privilégie les intérêts des…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre