Santiago (Chili), correspondance
Certaines dates sont symboliques dans l’histoire d’un pays. Dans celle du Chili, c’est le cas du 4 septembre. Ce jour-là, en 1970, Salvador Allende devenait le premier président socialiste élu démocratiquement en Amérique du Sud. Dimanche 4 septembre 2022, cinquante-deux ans plus tard, le peuple andin va approuver ou rejeter la proposition de nouvelle Constitution, point d’orgue d’un virage social enclenché en 2019.
À la suite d’une révolte contre les injustices causées par le modèle néolibéral, dont la pierre angulaire est la Constitution de 1980 instaurée pendant la dictature d’Augusto Pinochet, les Chiliens avaient voté massivement pour l’écriture d’une nouvelle Constitution lors d’un premier référendum. Celle-ci a été rédigée par 154 membres issus en grande partie des mouvements sociaux et des partis politiques de gauche. Nouvelle étape fin 2021 lorsque le Chili a élu le jeune président progressiste Gabriel Boric. La sortie du néolibéralisme s’est alors amorcée.
Une Constitution écologique et sociale
La nouvelle Constitution écrite en un temps record — douze mois — répond en grande partie aux aspirations sociales exprimées par les Chiliens en 2019. Ils exigeaient un accès gratuit et égalitaire à l’éducation, un droit universel à la santé, la fin du marché privatisé de l’eau ou encore des droits pour les peuples originaires. Dans son premier article, la Constitution reconnaît « le Chili comme un État social et démocratique de droit. Il est plurinational, interculturel et écologique ». Sur le plan social, la proposition constitutionnelle garantit « le droit à la santé » et « à la sécurité sociale basée sur l’universalité », « le droit à l’éducation » ou « le droit à vivre dans un environnement sain sans pollution ». Elle insiste également sur le caractère « plurinational » du pays — dix-sept sièges avaient d’ailleurs été réservés aux autochtones dans la Constituante.
Elisa Loncón, représentante du peuple mapuche pour la Convention, détient le projet final de la proposition lors de sa présentation au Congrès national, en juillet 2022. © Javier Torres/AFP
Sur le plan écologique, les avis sont unanimes : cette Constitution est avant-gardiste. Sara Larrain, directrice de l’ONG Chile Sustentable parle même d’« un nouveau paradigme d’État reliant société et nature ». La proposition constitutionnelle reconnaît que parmi les valeurs inaliénables de la…
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Auteur: Marion Esnault Reporterre