Nouvelles drogues : les cathinones de synthèse circulent de plus en plus en France

Méphédrone, 4-MEC, 3-MMC, 3-CMC, MDPV, α-PVP… Depuis la fin des années 1990 et le milieu des années 2000, le marché des drogues « récréatives » a vu déferler des dizaines de nouvelles substances aux noms barbares, les cathinones de synthèse.

Faisant partie des « nouveaux produits de synthèse », commercialisés notamment sur Internet sous les appellations « sels de bain », « engrais », « produits chimiques destinés à la recherche non consommable par l’être humain » et autres « designer drugs », tous ces composés ont en commun d’avoir été produits à partir d’une même molécule, la cathinone, par modification chimique.

Cette dernière n’est pas une nouvelle venue, puisqu’il s’agit d’un des principes psychoactifs du khat (Catha edulis), une plante consommée dans les régions de la mer Rouge pour ses propriétés psychoactives depuis le Xe siècle au moins, et probablement depuis l’Antiquité.

Substances stimulantes et empathogènes, disponibles sur Internet, les cathinones de synthèse sont source de nombreuses complications et d’addiction. Elles étaient consommées initialement dans les milieux de connaisseurs des substances psychotropes, notamment dans le cadre du chemsex pratiqué principalement par des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Cependant, depuis quelque temps ces nouveaux produits de synthèse semblent avoir dépassé ce cadre.

Une consommation ancienne

Consommer du khat (Catha Eduilis Forsk) est une coutume ancestrale dans les régions qui bordent la mer Rouge. Cet arbuste au feuillage persistant, qui se couvre après la saison des pluies de grappes de minuscules fleurs blanches, est probablement originaire des hauts plateaux du sud-ouest de l’Éthiopie. Présent de l’Érythrée jusqu’à l’Afrique du Sud, le khat est cultivé dans la région de la corne de l’Afrique, autour du golfe d’Aden (est de l’Éthiopie, région du Somaliland, Yémen).

Ses propriétés stimulantes auraient été mises à profit dès l’Antiquité par les Égyptiens, qui l’auraient utilisé lors de cérémonies mystiques visant à faire atteindre à l’homme un rang divin. Les premières traces scientifiques de consommation du khat sont mentionnées au début du Xe siècle par l’érudit persan Al Biruni. À partir du XIIIe siècle, le khat était consommé au sud de la péninsule arabique par les guerriers pour combattre la fatigue et avoir du courage, ainsi que par les marchands pour supporter l’ennui.

En France, le khat est interdit depuis l’arrêté du 20 février 1957 et figure sur la liste des stupéfiants fixée par l’arrêté du 19 juillet 1995.

Du khat aux cathinones de synthèse

Le khat a été décrit scientifiquement pour la première fois par le botaniste suédois, Peter Forskäl, durant son expédition en Égypte et au Yémen entre 1761 et 1763. Il recevra son nom officiel en 1775.

Dès 1887, le pharmacien, chimiste et…

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Auteur: Laurent Karila, Professeur d’Addictologie et de Psychiatrie, Membre de l’Unité de Recherche PSYCOMADD, Université Paris-Saclay