Alors que les élections de 2022 approchent et que l’espace médiatique ne manquera pas de nous ensevelir sous les détritutes de la politique, Josep Rafanell i Orra nous a transmis ce texte, ou plutôt ces pistes. Vivre et lutter aujourd’hui, c’est d’abord partir des expériences, y être fidèle, se dégager du mirage de la totalité, de la société, pour percevoir les mondes et faire surgir les communes.
Révoltes, exode, désertions…
On pourrait croire que la combinaison des effondrements écologiques, de la gouvernementalité asphyxiante de plus en plus réduite à son action policière et de la décomposition des scènes de la représentation politique remette au goût du jour la notion d’exode. Quitter la scène !Et pourtant depuis 20 ans des scènes de révoltes planétaires prolifèrent. Mais s’agit-il encore des scènes de la politique ? Qui croit encore à un projet révolutionnaire porté par des formes d’organisation des partis ? Qui croit encore aux improbables retrouvailles avec des sujets du conflit politique ?
La révolte comme exode alors ? Ainsi, lorsqu’on songe aux contrées latino-américaines, du passage du « Que se vayant todos ! » argentin de 2001 au leitmotiv « Evasión ! » des récentes révoltes chiliennes. Que nous disent d’autre les tags célébrés des Gilets jaunes dans le pays de l’identité national-républicaine ? « On met le gilet, on quitte le navire ». Ou encore : « Gilet jaune plutôt que Français ! ». Mais là encore, il faudra se méfier des formes génériques de caractérisation de l’expérience. A fortiori de l’expérience révolutionnaire. « Exode » nous incline à penser à la Terre Promise. Or, nous n’avons qu’une terre : celle que nous habitons. Et si nous pouvons partir c’est pour aller toujours ailleurs. Nous partons alors à la rencontre des multiplicités de la Terre. Alors, dans ce sens, oui : exode… Mais le Messie a été définitivement remplacé par l’appel des mondes qui sont en train de sombrer et qu’il nous faut malgré tout habiter. Alors, demeurer révolutionnaires dans notre temps de catastrophes suppose de faire exister des mondes : et donc de nous y rencontrer. Exode, mais en « faisant lieu » contre les espaces dépeuplés du désastre. L’exode n’a de sens que s’il permet de renouveler notre expérience commune. Peut-être qu’alors il serait préférable de parler de désertions et des nouvelles alliances qu’elles ouvrent. Nous ne pouvons habiter un monde composé d’une multiplicité de…
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Auteur: lundimatin