Nouvelles normes sur les bâtiments neufs : le gouvernement temporise

Après deux ans de négociations, le gouvernement a annoncé jeudi 18 février la date d’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs, dite RE2020 : ce sera le 1er janvier 2022, avec un nouveau délai supplémentaire d’un an pour toutes les étapes suivantes, jusqu’à 2031. L’ambition, elle, reste maintenue. Tout nouveau logement individuel neuf devra avoir une consommation carbone inférieure à 4 kilos équivalent CO2 par mètre carré par an, soit soit dix fois moins que la consommation moyenne des logements actuellement chauffés au gaz. Mais surtout, la RE2020 fixe désormais des seuils d’émission carbone pour les matériaux eux-mêmes. Ils représentent en effet la moitié des émissions de gaz à effet de serre des bâtiments neufs. Le directeur d’Effinergie, association de promotion des bâtiments basse consommation, Yann Dervyn, dit à Reporterre voir dans les derniers arbitrages « une volonté gouvernementale de promouvoir le bois dans la construction, sans le dire explicitement ».

Et pour ce faire, quoi de mieux qu’un nouvel indicateur tel que l’analyse du cycle de vie (ACV) dynamique ? Le principe : plutôt que d’évaluer de manière égale les émissions de carbone tout au long de la vie du matériau utilisé, l’ACV dynamique majore le poids des émissions immédiates et minore les futures. Une manière politique de dire que les émissions carbone d’aujourd’hui sont plus graves que celles de demain – même si cela reste discuté sur le plan scientifique. Conséquence directe, un avantage est accordé aux matériaux « biosourcés ». Ainsi, à l’inverse d’un parpaing, le bois stocke son carbone jusqu’à ce qu’il soit brûlé. Mais cette « ACV dynamique » n’est pas utilisée à ce jour et semble ne satisfaire personne, et certainement pas les industriels des matériaux traditionnels (métal, béton, tuiles). Ils se disent « sous le choc », appelant dans un communiqué commun à favoriser « la mixité des solutions ». À ce titre, le ministère de la Transition écologique a ouvert jusqu’au 31 mars 2021 un appel à manifestation d’intérêt (AMI) dédié à la mixité des matériaux.

Autre arbitrage : les réseaux de chaleur collectifs. Si nombre d’entre eux continuent de fonctionner grâce aux énergies fossiles (gaz voire fioul), la part des réseaux de chaleur renouvelable (bois et biomasse) a doublé entre 2009 et 2019 et atteint près de 60 % du total. Alors qu’il avait d’abord envisagé des mesures plus contraignantes,…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Grégoire Souchay (Reporterre) Reporterre