Noyés par la mer, cuits par le soleil : la vie dans un bidonville du Sierra-Leone

Freetown (Sierra Leone), reportage

Dans le bidonville de Kroo Bay, situé face à la mer, 10 000 personnes vivent dans des conditions catastrophiques. À Freetown, capitale de la Sierra Leone, aux risques d’inondations, s’ajoutent les fortes chaleurs, invivables durant la nuit. La plupart des habitants ne peuvent pas dormir sous les tôles et sortent vers minuit pour se rafraîchir. Ibrahim Banjura, un jeune danseur qui vit dans le bidonville, explique que tous étouffent dans ces baraques de fortune. « Cette nuit, je n’ai pas réussi à dormir chez moi, je suis sorti et je me suis allongé par terre », soupire le jeune homme de 21 ans.

Kroo Bay est le plus vaste bidonville de Freetown. Non loin de là, d’imposants immeubles côtoient quelques vieilles demeures héritées de la colonisation britannique. C’est ici qu’est installé l’hôtel de ville, un bâtiment flambant neuf d’une quinzaine d’étages. Dans son bureau, au treizième, Eugenia Kargbo observe par la fenêtre la baie. Quelques navires sont visibles à l’horizon, tout comme les bidonvilles où vivent les habitants les plus vulnérables aux effets du réchauffement climatique. Pour les protéger, cette Sierra-Léonaise de 35 ans a été nommée « responsable de la chaleur » en novembre 2021.

Eugenia Kargbo pilote les politiques de la ville en matière d’écologie et de lutte contre les chaleurs extrêmes. Après Miami, Athènes ou encore Melbourne, Freetown a été la septième ville dans le monde à nommer un « responsable de la chaleur », la première du continent africain. « L’objectif est de travailler ensemble pour éveiller les consciences et faire en sorte que les gens ne meurent plus des chaleurs extrêmes », résume-t-elle.

D’après une étude publiée en 2021 par The Lancet, les chaleurs extrêmes causeraient chaque année la mort de plus de 5 millions de personnes, un chiffre vertigineux qui a poussé ces villes du monde entier à mutualiser leurs efforts. « Nous sommes une communauté, souligne Eugenia Kargbo. Même quand le contexte est différent, il y a des similarités. Par exemple, Miami travaille sur le logement vert et c’est quelque chose que nous explorons aussi, à une échelle différente. »

La gestion de ces chaleurs extrêmes dont est victime Freetown est une des priorités d’Eugenia Kargbo, assure-t-elle. En poste depuis plus d’un an, elle mise sur la végétalisation. « Nous plantons des arbres près de la mer pour protéger la côte de l’érosion mais nous avons besoin d’espaces verts en ville, où les gens peuvent se rafraîchir », détaille la jeune femme.

400 espaces verts ont donc été créés dans la ville : la coupe des arbres est prohibée et de jeunes pousses régulièrement plantées….

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Auteur: Reporterre