NTBLR [2/ ?]

Mamlamaire est passée aujourd’hui. C’est qu’il devait y avoir une décoration à remettre à je ne sais pas qui au nom de je ne sais pas quoi, un bout de machin vaguement brillant et bien découpé comme un flocon de neige. Un gentil flocon suspendu par un bout qui se balance et se soulève à mesure que bat le cœur du je ne sais pas qui sur qui ce gentil flocon sera venu se poser, c’est donc qu’il y a bien de l’espoir pas vrai ?

Non je dis : « y’a donc de l’espoir pas vrai ? »

Ben si…

Ben si, voyons, pour que ça se soulève, pour que ça danse ce gentil petit flocon c’est bien que là-dessous, sous l’uniforme du je ne sais pas qui, faut bien se douter que c’est qu’il y a bien un bout de petit téton tout doux et que sous ce petit bout, sous ce petit machin tout tendre et tout gonflé par le froid, la friction du tricot de peau et sans doute aussi le côté un peu érogène de la chose, sous ce petit téton bat un joli p’tit cœur. Un joli p’tit cœur de je ne sais pas qui, tout gonflé de fierté et de bonheur à s’en exploser les coutures tellement que c’est le plus beau jour de tous les plus beaux jours de toute sa plus belle la vie. Plus beau que poser un pied sur la terre quand les autres le posent sur une merde ou sur une mine, plus beau que la Castille, que la prise de la Bastille, ou que la crise de la pastille. Il bat ce petit cœur de je ne sais pas qui, il bat le rythme de ceusses qui se battent pour que d’autres aient encore la liberté de se battre, enfin tu vois le genre merde.

Pis de toutes les façons la place est bouclée, elle est bouclée par un cordon de sécurité de la garde républicaine. La place est ceinturée, la place est un bidon qui dépasse et qu’il a fallu circonscrire, nasser par un cordon de sécurité constitué de gardes républicains : de keufs ? Oui, de keufs.

Habituellement, la place est un bidon sans genre, un bidon non-binaire d’identités multiples, la place est un bidon grumeleux pavé de bonnes et de mauvaises intentions. La place est habituellement une place traversante et traversée, mais aujourd’hui la place est circonscrite. La place est entourée de keufs qui se tiennent si près les uns des autres que ça fait comme si l’horizon toussotait en ce matin-frigo de mois d’octobre.

Ça fait keuf-keuf-keuf-keuf-keuf.

La place toussote dans le soleil qui se lève derrière les nuages gorgés de flottes qui pissent à qui mieux mieux sur les calots des keufskeufs qui se serrent encore plus les uns contre les autres pour circonscrire la place. Tout pleins de corps qui se collent et qui mouillent pour…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin