Nucléaire en Ukraine : inutile de se ruer sur les comprimés d'iode

Depuis le début de la guerre contre l’Ukraine, et plus encore depuis que l’armée russe a pris le contrôle des centrales nucléaires de Tchernobyl et de Zaporijia, c’est la ruée dans les pharmacies françaises.

« Nous avons constaté une forte demande en comprimés d’iode, témoigne Pierre Béguerie, président du conseil central de l’Ordre national des pharmaciens et pharmacien à Bidart (Pyrénées-Atlantiques). La situation s’est envenimée du fait que ces comprimés sont en vente libre — délivrables sans ordonnance — et que les stocks résiduels des pharmacies françaises ont été épuisés en très peu de temps. »

Est-il vraiment nécessaire de se procurer des comprimés d’iode à tout prix ? À quoi servent-ils exactement ? Reporterre fait le point.

• Pourquoi la prise d’iode est-elle parfois préconisée en cas d’accident nucléaire ?

Lors d’un accident nucléaire de type Tchernobyl et Fukushima, avec fusion du cœur, d’énormes quantités de matières radioactives sont larguées dans l’atmosphère et se dispersent au gré du vent : c’est le « nuage » radioactif. Parmi ces matières, l’iode 131 radioactif, un produit de fission de l’uranium.

« Une fois inhalé, l’iode radioactif est capté par la thyroïde, une petite glande spécialisée dans la production d’hormones thyroïdiennes indispensables au contrôle du métabolisme de base et à certaines fonctions physiologiques comme la fréquence cardiaque, la croissance, la production de chaleur corporelle, la fertilité ou la digestion. Il émet alors des rayonnements bêta, endommageant de façon plus ou moins importante l’ADN des cellules de la thyroïde en fonction de la quantité d’iode radioactif concentré dans la thyroïde, explique à Reporterre Marc Benderitter, chef du service de recherche en radiobiologie et en médecine régénérative de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les dommages de l’ADN anormalement réparés par la cellule vont initier le processus de cancérisation pouvant conduire plusieurs années après l’apparition d’un cancer de la thyroïde, essentiellement de la forme cancers papillaires. »

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C’est pourquoi il est parfois recommandé de prendre de l’iodure de potassium — également appelé « iode stable » — sous forme de comprimés, afin de « saturer » la thyroïde et ainsi empêcher la fixation d’iode radioactif. « L’iode radioactif sera alors éliminé rapidement de…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre