Nucléaire : le fiasco de Flamanville en débat

« L’enjeu est de s’assurer que l’on ne refait pas la même chose qu’il y a quinze ans. » Le mot de la fin de l’organisateur de ce nouveau débat à l’initiative de la Commission nationale du débat public (CNDP) résonnait-il comme un avertissement ? C’est en tout cas comme cela que les militants antinucléaires venus nombreux ce soir-là l’ont interprété — en témoignent leurs applaudissements approbateurs. « L’enjeu » est de taille pour EDF, l’exploitant : faire oublier le fiasco du chantier de l’EPR de Flamanville (Manche), et construire six EPR2 d’ici à 2050, comme l’a annoncé Emmanuel Macron en février dernier, à Belfort. Soit des versions optimisées du réacteur nucléaire EPR : plus faciles et, surtout, moins chères à construire. Le chantier des deux premiers EPR2 devrait démarrer dès 2024, sur la centrale de Penly (Seine-Maritime).

Jeudi 1er décembre, plusieurs acteurs et actrices du monde du nucléaire étaient réunis à Caen pour le débat (retransmis en ligne) intitulé : « Que s’est-il passé à Flamanville ? Quels enseignements en a-t-on tirés ? ». Démarrée en 2007, la construction de ce réacteur n’est toujours pas achevée — il devrait être livré fin 2023. Les coûts ont été multipliés par cinq, atteignant près de 20 milliards d’euros. Il faut dire que celui-ci a accumulé les échecs : une cuve de béton non-conforme, des soudures qu’il a fallu refaire à plusieurs reprises, des défauts dans les tuyauteries, etc.

« Perte de la culture de qualité au sein de la filière EDF »

Comment en est-on arrivé là ? Publié en juillet 2020, un rapport de la Cour des comptes est venu mettre en lumière les dérives et les surcoûts des EPR français et étrangers. Le constat est si sévère que la Cour préconise une remise à plat de la rentabilité de la filière avant d’envisager la moindre nouvelle construction. Le projet de réacteur situé dans la Manche est « un échec opérationnel » résume Jean-Paul Albertini, président de la section Énergie de la deuxième chambre de la Cour des comptes et présent au débat.

Pour comprendre, il faut remonter le temps, explique-t-il. À commencer par 1998 lorsque l’Allemagne met fin à neuf années de « coopération sur le projet d’EPR » en se retirant du nucléaire. « La France se retrouve seule à le porter alors même que les grandes orientations avaient été conçues entre des industriels issus de ces deux pays. » L’expert de la Cour cite ensuite pêle-mêle : une compétition…

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Auteur: Fanny Marlier Reporterre