Nucléaire : les grévistes dénoncent « le chaos » de la sous-traitance

Montpellier (Hérault), reportage

Les drapeaux rouges de la CGT flottent devant l’imposante bâtisse aux dorures orientales. Le siège du groupe Altrad Endel, multinationale des « services à l’industrie », a des airs de caverne d’Ali Baba. Sauf que le PDG et milliardaire Mohed Altrad ne semble pas prêt à partager son trésor. « Momo, sois généreux, écarte un peu les doigts ! » lance un syndicaliste, mégaphone à la main. Mardi 7 février, ils sont une cinquantaine de salariés d’Altrad Endel, filiale spécialisée dans la maintenance nucléaire, mobilisés à Montpellier. Et plus de 1 000 à travers la France.

« Nous demandons une revalorisation de nos salaires digne de ce nom, explique Jean-Philippe Boucher, venu spécialement de Chinon. Pour le moment, le compte n’y est pas. » En fin d’année, la direction du groupe a proposé des augmentations individuelles de 2 %, en deçà de l’inflation, et bien loin des 6 % réclamés par les employés.

Et ce, alors même que le groupe a engrangé des bénéfices. « À l’arrêt des comptes fin août 2022, on avait 10 millions de marges nettes et 172 millions sur le compte en banque, remarque Frédérik Conseil, délégué syndical arrivé d’Amiens. Endel aurait aussi versé 1,5 million en cinq mois à la fondation Altrad pour qu’il s’amuse avec le rugby… donc de l’argent à redistribuer, il y en a ! » Le milliardaire est en effet plus connu pour sa (coûteuse) passion pour le ballon ovale que pour sa connaissance de l’atome.

À ses côtés, casquette rouge vissée sur la tête, Thierry opine : « Les métiers de la maintenance nucléaire sont des boulots durs. Soudeurs, tuyauteurs… on peut aussi être exposés à de la radioactivité. Tout ceci mérite une reconnaissance. »

« Marche ou crève »

Depuis avril dernier et le rachat de leur entreprise, Endel, par le géant montpelliérain des travaux publics, les salariés ont vu leurs conditions de travail se dégrader. « On nous en demande toujours plus, sans augmentation salariale ni considération, tranche Frédérik Conseil. Maintenant, c’est “marche ou crève”. Résultat, plein de gens s’en vont à la concurrence. »

« On va le frapper au portefeuille »

Le syndicaliste s’inquiète aussi de l’avenir d’Endel, « peu à peu découpée en morceaux dont les pans les moins rentables pourront être abandonnés », et plus largement du bon fonctionnement des centrales électriques. Car la filiale est n°1 sur le marché de la maintenance nucléaire — EDF a en effet externalisé la majeure partie de cette activité. Ses quelque 3 400 salariés interviennent sur les cinquante-six réacteurs hexagonaux, pour faire des réparations, entretenir les outils…

Ils…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Lorène Lavocat Reporterre