Nucléaire : les militants de Bure dénoncent un « procès politique »

  • Nancy (Meurthe-et-Moselle), reportage

Dans la salle d’audience tout en bois et en moulures de la cour d’appel de Nancy, un grand soupir de soulagement se fait entendre… avant la suite de la bataille. Nous sommes le lundi 28 novembre, il est 9 h 30 et, dès l’ouverture du procès en appel de sept opposants à Cigéo, le président Vincent Totaro a fait une annonce : « Les prévenus sont définitivement mis hors de cause pour “association de malfaiteurs”. »

Contrairement à ce qui avait été initialement indiqué aux avocats de la défense, le parquet de Bar-le-Duc (Meuse) n’a en effet pas interjeté appel de la relaxe déjà obtenue en première instance pour ce chef d’accusation. Les autres infractions reprochées aux militants antinucléaires, qui ont tous fait appel, ont en revanche bien été réexaminées : organisation d’une manifestation non déclarée, attroupement après sommation de dispersion, dégradation et vol en réunion, détention en bande organisée de substances ou produits entrant dans la composition d’engins incendiaires.

Lundi 28 novembre au soir, l’avocate générale de la cour d’appel de Nancy a requis des peines allant de huit à dix mois de prison avec sursis pour six prévenus, tandis que douze mois de prison ferme ont été requis à l’encontre du septième. En première instance, le 21 septembre 2021, un opposant avait été totalement relaxé, quatre autres étant condamnés à des peines allant de six à neuf mois de prison avec sursis et deux autres à respectivement neuf et douze mois de prison ferme. À Nancy, les avocats de la défense ont plaidé à nouveau la relaxe pour l’ensemble des militants, dénonçant une « procédure hallucinante » et une enquête « parfaitement tirée par les cheveux ».

« Cette information judiciaire est un terrible échec, mais elle a en revanche magnifiquement réussi à brider logistiquement, matériellement et pécuniairement toute une mobilisation », a notamment déclaré Me Matteo Bonaglia lors de sa plaidoirie mardi 29 novembre. Depuis le début de cette affaire, il y a cinq ans, les prévenus s’alarment d’un procès « politique » visant à criminaliser et à étouffer leur lutte opiniâtre contre Cigéo, ce projet d’enfouissement de 85 000 m³ de déchets nucléaires extrêmement radioactifs, à Bure (Meuse).

Une enquête « tentaculaire »

Aucune partie civile n’a fait le déplacement. Et pour cause : en septembre 2021, la demande de constitution de partie civile de la commune de Bure et de son assureur…

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Auteur: Amélie Quentel, Franck Dépretz Reporterre