« Nulles en bricolage » ? Ces femmes qui dévissent les préjugés

Vous lisez la première partie de notre série « Le chemin de l’autonomie ». La seconde est ici.


En 1979, dans un texte de référence, l’anthropologue Paola Tabet analysait la répartition des outils entre hommes et femmes. Des sociétés de chasseurs-cueilleurs à notre époque industrialisée elle constatait « un sous-équipement des femmes et un gap technologique entre les hommes et les femmes ».

Quand les femmes n’ont que des bâtons à fouir, les hommes ont des haches et des lances performantes. Et aujourd’hui, sur le chemin de l’autonomie, il n’est pas impossible que madame apprenne à récolter les plantes sauvages comestibles, équipée d’un panier et d’un opinel, tandis que monsieur manie la tronçonneuse pour faire le bois de chauffage. Or, la maîtrise des outils les plus complexes est un instrument de pouvoir, soulignait Paola Tabet.

Ainsi, l’autonomie ne va pas forcément avec une plus grande émancipation des femmes. Comment surmonter cette répartition genrée des tâches ? Reporterre a interrogé une dizaine de femmes qui se sont lancées. Leurs témoignages ont permis d’identifier quatre types d’obstacles et de lister les conseils pour les surmonter.

1 – Le manque de confiance en soi : « Je suis nulle »

Cette phrase, à l’atelier de réparation vélo le Vieux Biclou, de Montpellier, Maud, membre de l’association, l’entend… Tout le temps. « Les hommes arrivent en disant qu’ils savent faire. Les femmes en disant qu’elles sont nulles en mécanique. Je leur demande si elles en ont déjà fait : « Non ». « Donc, vous n’êtes pas nulle, vous êtes novice » », corrige-t-elle.

Idem pour Séverine, qui organise des ateliers de mécanique auto en mixité choisie. « Elles se dévalorisent, disent « j’y connais rien » », remarque-t-elle. « Mais c’est normal, elles viennent pour apprendre ! » « Le niveau d’auto-dévaluation des femmes est monstrueux », renchérit Anaïs, animatrice de l’association d’éleveurs Adage 35. Elle organise des formations dédiées aux agricultrices (mécanique, tracteur, soudure, etc.). « Au début, elles disent toutes qu’elles sont débutantes alors qu’en cours de formation, on se rend compte qu’elles savent déjà des choses. »

« On nous dit qu’on n’est pas faites pour courir, se salir »

Quand on ne sait pas, c’est que l’on n’a pas eu l’occasion d’apprendre. Beaucoup pointent l’éducation genrée des garçons et des filles. « On nous dit qu’on n’est pas faites pour courir, se salir, de fausses croyances…

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Auteur: Marie Astier Reporterre