Numérique dans les fermes : les agriculteurs font de la résistance

[1/4 L’agriculture numérique ou la fin des paysans] Le gouvernement l’assure : la numérisation de l’agriculture, c’est l’avenir. Robots et applications la rendraient plus économe en eau, en pesticides, plus résistante au changement climatique… Vraiment ? Reporterre démonte ce mythe dans une enquête en quatre volets.


Toulouse (Haute-Garonne), reportage

Un salon agricole sans odeurs. Pantalons fuselés et chaussures pointues arpentaient les travées du Forum international de la robotique agricole (Fira), le 7 décembre dernier dans la banlieue toulousaine. Des ingénieurs geeks montraient les derniers robots de leur start-up. D’autres cherchaient l’inspiration. Sous la lumière crue des néons se pavanaient Bakus l’enjambeur viticole autonome, Dino l’assistant maraîcher, Tibot le robot avicole… Les promesses de ces robots ? Automatiser le travail agricole, en particulier dans les champs. « Le problème de la main-d’œuvre » revenait sur toutes les lèvres, notamment sur celles de Pascal Perhini, sur le stand de Robagri, un organisme de lobbying en faveur de la robotique. Et du travail, « il va y en voir plus avec les besoins en désherbage une fois les herbicides interdits », expliquait un autre exposant.

Avec un système d’autoguidage précis au centimètre et des outils de travail du sol, les robots seraient prêts à prendre la place des humains. Un fabricant de batteries que le robot peut venir recharger automatiquement se félicitait de sa technologie : « On élimine tout le facteur humain. C’est le beau de cette industrie ! » Pas totalement encore, puisque la loi française impose qu’une personne se trouve à moins de 200 mètres de tous ces engins robotisés. L’enthousiasme des exposants ne sera d’ailleurs pas partagé par les agriculteurs, grands absents du salon. Les robots dans les champs restent de la science-fiction en France. Naio, le leader français qui existe depuis dix ans, a vendu à peine une centaine de petits robots destinés au maraîchage. Une dizaine d’autres sillonnent quelques grands domaines viticoles. Seuls les robots de traite se sont installés durablement. Ils équipent 10 % des fermes laitières. Les plus grandes — avec plus de cent vaches laitières — gagnent deux minutes par vache par jour grâce au robot, ce qui justifie les dizaines de milliers d’euros d’investissement.

Au Forum international de la robotique agricole, à Toulouse. © Alain Pitton/Reporterre

Complexité technique des machines

Première cause du flop, le coût des machines….

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Auteur: Magali Reinert Reporterre